Bikeal Pékin

Relier Tbilisi à Batumi chose dite chose fait. Pour une descente jusqu'à la mer ça montait pas mal ! Semaine de test pour la tente et les Gore-Tex, les chaussures jamais vraiment sèches on a découvert que les vêtements bah ça séchait pas bien sous la pluie !

Voici la première en audio de notre côté, enjoy ! 

Lundi 27 mars

Réveillés par le bruit des gouttes sur la tente, le même avec lequel on s'est endormis hier soir. Ça ne s'arrête donc pas ! J'enfile ma Gore-Tex et je sors faire le porridge que l'on englouti dans la tente. Il faut tout plier et espérer qu'une accalmie nous laisse le temps de sortir les affaires pour les ranger dans les sacoches sans les mouiller, garder nos duvets secs est la priorité. On enfile nos vêtements de pluie, les surchaussures, la totale quoi. On plie la tente mouillée, espérant que le soir on ne la remontera pas dans les mêmes conditions, non sans une petite pensée pour Camille qui aurait adoré ce moment ;). En route, on roule pour se réchauffer, on est dans la plaine c'est plat, ça file. On s'arrête pour acheter deux pommes, repart avec 5 kg et des encouragements.

Aujourd'hui aucun pic-nic n'est envisageable, il faut donc rejoindre la prochaine grande ville pour manger au chaud, 45 km nous séparent de Khashuri ( ici la traduction en alphabet latin ne nous aide pas trop parce que kh se prononce rrr, sh = f, autant vous dire que demander notre chemin n'est qu'un continuum de malentendu). Une paire de pause pommes plus tard qui au passage ont fait patienter nos estomacs affamés, 10 minutes de grosses routes vertes ( type nationale chez nous) qui nous ont rappelés pourquoi on accepte le dénivelé et les kilomètres en plus des alternatives, on se retrouve au chaud sous un panneau clignotant Shawarma ! Ce qu'on ne savait pas c'est que c'est la que se joue la plus grosse épreuve de la journée, Adrien affamé commande le plus gros (ouais ouais ), Zélie s'aligne avec raison et prend la taille en dessous (bah quoi on avait faim). Ce n'est qu'en le voyant préparer nos enooooooormes galettes que l'on remarque les chiffres à côté des prix sur l'écriteau : chiffre qui sont en fait le poids... Zélie se retrouve donc avec un de 700g et Adrien ben la c'est le kilo. 

Shawarma 1, Zélie 0, on prend un petit doggy-bag ! Et c'est reparti, le ciel à l'air de nous laisser un peu de répis, il nous reste un peu de nationale avant de prendre notre route jaune (type de route que l'on prend jusqu'ici sans aucun soucis).

Au moment de tourner à gauche dans ce petit village, au pied des lacets qui sont censés nous faire prendre de l'altitude, le panneau de signalisation est vachement plus gros que la route ! On emprunte une piste en travaux, vous aimez la boue ? En voilà !

On pousse les vélos, il bruine, je sais pas si on est contents d'être là, là maintenant :). J'enlève mes freins avant pour pouvoir avancer un temps soit peu. En haut des quatres lacets on se trouve un petit coin de forêt, juste après il y a le passage au goudron c'est de bonne augure pour demain. Adrien se lance dans une compote de pomme faut bien faire quelque chose de toutes ces pommes :) 
On s'endort en pensant au 30 km de descente qui nous attendent le lendemain, ça va être du gâteau !

Mardi 28 mars

Et la bonne nouvelle c'est que ce matin malgré que l'on soit dans la forêt il y a des rayons de soleils. Petit-déjeuner au soleil, séchage de tout ce qui est possible. 

L'objectif du jour c'est Vardzia un site troglodyte repéré par Adrien. On se lance sur le goudron mais ça ne dure pas, c'est à dire qu'au bout de 200m et pour les 15 prochain kilomètres c'est de la piste. C'est du coup un peu plus long que prévu, on met 2h30 pour faire 15 km de descente on a été habitués à mieux. On se réjouis tout de même d'être bon en timing et d'emprunter cette "route" notre jour de beau de la semaine, parce que si les restes de pluie des jours précédents la laisse dans un piteuse état, elle reste praticable. 

Un petit passage de boue presque jusqu'au moyeu, un petit aller-retour pour cause de pont non existant, des slaloms entre les trous géants, nous sommes bien cramés. Mais la vallée est super belle et à part le train on est vraiment pas gênés par la circulation, il faut ce qu'il faut pour éviter la nationale !

L'avantage avec une route en travaux c'est qu'il y a un moment où tu passes le cap des engins de chantier et derrière c'est le GOUDRON LISSE !!! Un lieu de fierté pour le MLGL (mouvement de libération du goudron lisse fondé en 2023 en Turquie, pour ce qui n'ont pas suivis). Les 15 autres kilomètres sont parcourus en moins de 30 minutes, c'est là que l'on a réalisé que l'invention du goudron avait du être un moteur dans l'accélération de la société... on s'est retrouvé à remercier ce dérivé du pétrole qui nous dégoûte plutôt d'habitude. Un pic-nic bien mérité dans le parc de Kharagauli. C'est aussi l'heure du bilan, le sac de pommes s'est ouvert il n'en reste plus que 6 (acte manqué ?), mais il y a plus grave Crapule s'est fait bien secouer et après avoir cru qu'elle avait subit le même sort que Bricole, on la retrouve au fond du pot avec 2/3 bout de terre (jardinage de sauvetage on va voir si elle survit mais elle en a vécu d'autre ;)), le dernier constat mais pas des moindres c'est Adrien qui le fait : Zelie il manque pas un truc sur mon vélo ? Heu non quoi ? Ben mon drapeau... et effectivement le vétéran des drapeaux rouges à été abandonné ce jour !
Après la séance émotion on repart direction Vardzia et ça grimpe fort (je tiens à m'interroger ici sur la définition de descente jusqu'à la mer chez les Dereims🤔). 

On a même l'impression de se retrouver sur la côte croate, short, tee-shirt et pourcentage de montée tout y est.

On coupe par des pistes, c'est le thème de la journée apparemment pour rejoindre ce fameux village. Après avoir fait le plein d'eau, lors d'une petite vérification, on se rend compte du quiproquo, il existe deux Vardzia et on est pas au bon... Tant pis les troglodytes ça sera pour un autre jour. On décide de descendre le long de la rivière et de se trouver un petit bivouac au soleil. Un peu galère ici c'est bien clôturé, la journée a été longue on a envie de se poser, on trouve un bout de pelouse sans barrière et ça fera l'affaire. Ça ne plaît apparemment pas au fermier du coin qui zonait là. Il appelle un monsieur qui parle anglais qui nous traduit tout ça et nous propose d'aller chez lui, il sera là d'ici 5min. Mais on est crevés, l'idée de devoir faire marche arrière et remonter pour aller chez ce mec ne nous enchante pas trop, on se dit qu'on trace et qu'on trouvera un endroit un peu plus loin. Mais après avoir passé le talus on entend pchiiiiiiiit, on se regarde, oh non ! Pas ça, pas maintenant, pas après tout ce que t'as fait... bon ben mon pneu arrière il est crevé hein. On démonte tout, ce qui laisse le temps à Hamlet d'arriver avec ses deux fils, il nous donne l'adresse. On change d'état d'esprit et on fait confiance à cet homme qui à l'air si gentil. On fait 3 km dans l'autre sens et on remonte ce que l'on vient de descendre mais ça valait largement le coup. Melania la femme d'Hamlet nous accueille elle aussi à bras ouvert, il y a également les parents d'Hamlet dans la maison. Ils ont l'habitude de recevoir et ca se voit, ce n'est pas trop c'est juste ce qu'il faut, une petite discussion avec le fils Giga qui a 17ans, parle très bien anglais et part l'année prochaine faire des études dans l'informatique, et une bonne douche chaude. On se régale de plats traditionnels devant le foot, heureusement la Géorgie gagne la Norvège et l'ambiance est joyeuse. On file se coucher dans nos lits c'est si confortable, c'est parti pour un bon coma réparateur !

Mercredi 29 mars

Émergence de sous la couette, dans nos lits méga moelleux, on a trooop bien dormis. Petit-déjeuner en famille, patates sautés et beignets de maïs au rendez-vous. On repart sous un soleil radieux, mais on sait que les nuages noirs qui nous cachent la vue du Caucase ne vont pas tarder à nous rappeler que c'est le mois de mars. Lukas l'un de nos copains allemand nous a conseillé des sources d'eau chaude entre Batumi et Tbilissi, et c'est aujourd'hui qu'elles seront notre lieu d'arrivée on a 65km à parcourir. Aujourd'hui on découvre non pas les montagnes Russes mais les montagnes Géorgiennes, on monte et on redescend une demi-douzaine de fois avec des pentes jusqu'à 14%. 

On engloutit un paquet de chouchou au sésame et on se remet en route, rouler un maximum avant que ça nous tombe dessus. Le vent forcit et le ciel s'assombrit, on va se la prendre là !

Ça loupe pas et on enfile les Gore-Tex avant qu'il ne soit trop tard, on fait les 25 derniers kilomètres sous une pluie battante. Après 2km de piste, un mini Pamukkale nous attend, fumant, l'eau est bien chaude ! On profite de l'accalmie pour monter la tente et mettre à sécher 2/3 trucs et va vite vite se mettre au chaud dans l'eau. Et puis on passe le pic-nic et toute l'après-midi dans la tente, a lire, écrire, broder pour s'occuper parce que la pluie a décider de ne pas s'arrêter. On a même appelé Camille un bon moment pour qu'il nous envoie un peu de soleil :)

Jeudi 30 mars

Ce matin quand on se réveille il pleut toujours... On décide alors d'un petit déjeuner spartiate dans la tente (pommes et gâteaux sec). Par miracle ça se calme le temps de tout plier, un petit vent nous permet même de faire presque complètement sécher la tente et le tarp.

Ce matin c'est complètement habillés (pantalon + veste gore-TeX) que l'on prend la route. Zélie a enfilé les surchaussures en Neop et Adrien les guêtres, on a vraiment pas envie d'avoir froid. Après 25km on s'arrête manger des spécialités géorgiennes, du pain au fromage fouré soit à la viande soit aux œufs durs soit aux haricots rouges, vous l'aurez compris quelque chose de très sain et léger. La pluie nous épargne le reste de la journée à quelques averses près, on passe un col et faisons nos 800 mètres de dénivelés journaliers (encore une fois pas tellement en descente jusqu'à la mer.. ) la route est très mignonne et la lumière des éclaircies qui baignent les prés est vraiment belle. Ce soir on se dégotte une grande clairière au bord d'une rivière, l'herbe rase forme une vaste moquette moelleuse et même pas tellement humide (là on revoit nos référenciels). On finit par réussir à allumer un bon feu (pas évident avec toute cette humidité) qui nous remonte bien le moral. À 22h il pleut de nouveau, on rentre s'abriter à la hâte dans la tente mais cette fois on y était bien préparés.

Vendredi 31 mars

Aujourd'hui on roule jusqu'à la mer Noire, les chaussures sont moins mouillées que la veille mais toujours bien humides au moment de les enfiler. La vingtaine de kilomètres le long de la rivière passe assez vite et on s'offre au restaurant bien au chaud 15 khinkalis (spécialité découverte à Tbilissi). Une fois de plus on a eu les yeux plus gros que le ventre et on a du mal à en venir à bout. L'après-midi la digestion est rude, surtout quand elle est ponctuée de routes à 10% en travaux (donc sans plus aucun revêtement). Mais la motivation d'arriver à la mer le soir est plus forte surtout que au hasard d'une montée on l'observe enfin la mer Noire. On trouve un bivouac dans un creux entre deux dunes, on repassera pour la vue mer il y a trop de vent. Mais ce soir il ne pleut pas et le ciel semble même dégagé.

Samedi 1 Avril 

Ce matin on se réveil avec le soleil qui tape sur la toile de tente : LE BONHEUR. Nous ne sommes plus qu'à 25km de Batoumi où nous avons réservé une chambre dans un hostel pour la nuit. Alors nous prenons le temps de faire plus ou moins tout sécher en même temps que nous prenons notre petit déjeuner.

"C'est marrant la roue arrière du vélo de Zélie est drôlement enfoncée dans le sol, il n'est pas si meuble pourtant..." 

C'est tout simplement que Zélie avait de nouveau crevé, ça va qu'il fait beau et qu'on a le temps ce matin. Non pas un mais deux trous, sûrement une ronce, le sol en était couvert.

La route pour arriver à Batoumi est plutôt plaisante le vent dans le dos et les montagnes enneigées qui plongent dans la mer forment un magnifique paysage.

On a encore une fois dégoté un super logement pour trois fois rien. Après un bon restaurant on passe l'après midi dans un café pour écrire et dessiner. 

Dimanche 2 avril

Grâce mâtinée, glande (on petit déjeune à 12h30) l'après midi lecture au soleil petit tour de la ville et écriture du blog. On se pose également pour parler de la suite du voyage, en effet dans moins d'un mois Valentine et Arthur (deux colocs de Zélie) nous rejoignent à Sofia, pour faire un bout de voyage ensemble. Zélie a comme prochain objectif de rejoindre Berlin, afin de goûter à sa vie nocturne. Et Adrien aimerait rejoindre Helsinki en traversant l'Europe de l'est. Nous ne savons pas encore où et quand mais nos route vont alors se séparer. Un point sur le matériel s'imposait alors de nouveau pour s'assurer que chacun ait ce qu'il lui faut.