Bikeal Pékin

Remise en route ! Cette semaine je quitte le confort du toît de la ferme et repars à la découverte du littoral de ce fameux Péloponèse. Et en bonne compagnie qui plus est ! Aller hop voilà un condensé de cette 29eme semaine :

 

Lundi. 

"Today is your day!" Reay répète ce slogan sans réserve depuis qu'on a quitté la maison dans sa minuscule fiat Punto rouge déglinguée ce matin. Ça fait 10 jours que je suis à Kastri et j'ai donc droit à un second jour "off". Seulement la météo s'est salement dégradé et il pleut "des pieds de chaises" comme disent les grecs. Les températures ne sont pas non plus bien élevées, alors avec Lynda ils ont proposé de m'emmener visiter la grotte de Κάψια (Kapsia), aux abords de Tripoli. On y rencontre notre guide, Savvas, très dynamique et motivé. Il en connait un rayon sur la géomorphologie sous-terraine du Péloponèse (qui, en grande partie couvert de roche calcaire, compte plus de 50 000 grottes connues à ce jour), est lui-même un spéléologue passionné et il sait donner à la découverte de cette grotte tout le relief qu'elle mérite. Une grande collection de très belles formations calcaires en tout genre se cache dans les 3 cavités principales ouvertes au publique (stalactites et stalagmites, piliers lorsqu'elles se rejoignent, des rideaux de plusieurs m² de surface, la totale). J'ai rarement vu une telle concentration de belles choses dans une grotte ! 

Un petit café en sortant, le temps de décider ce qu'il adviendra du reste de la journée ("it's your day !") : Vu la tête du ciel, je jette mon dévolu sur un retour maison pour un plan cuisine. Ce soir on mange les lasagnes végétariennes que j'ai appris à maîtriser avec Adrien à Tirana (entre-autres, le plat est revenu au menu de plusieurs autres jours de pause). Au dessert, Reay a tout donné pour la confection de son "trifle", une pâtisserie on ne peut plus "British" : imaginez un cake basique, englué dans une couche de 2cm de "jelly" rose fluo, le tout recouvert d'un étage de crème pâtissière, et enfin d'un autre de chantilly. Un enfer pour ma mère, à qui je dédie tout spécialement ma première bouchée. Moi j'aime bien, c'est du sucre (oups). 

Mardi. 

Dernière journée ici. La météo est toujours capricieuse mais sans commune mesure avec la veille, alors même si on ne peut pas franchement travailler Reay propose de m'emmener en balade autour du village.

Je laisse filer tranquillement le reste de la journée, prends le temps de rassembler minutieusement les affaires que j'ai éparpillé un peu partout en 12 jours et me passe un coup de ciseaux dans la barbe (dernier miroir avant dieux-sait-quand). 

La météo pour demain a finalement reviré au grand beau, et je dois dire que j'ai hâte de reprendre la route ! 

Mercredi. 

Départ 9h30, après un hug chaleureux à mes deux hôtes et des remerciements mutuels. La traversée des montagnes jusqu'à la mer est splendide, plus je descends plus le printemps a prit de l'avance et plus le vert, le rose et le blanc prédominent, prenant petit à petit le pas sur les châtaigners encores gris de Kastri. Après un slalom de vallées en gorges et petits villages, je rejoins une grosse route déserte (j'ai encore du mal à me faire à ces largeurs de route pour moi seul, mais visiblement les grecs ne passent pas par là hein...). Elle me conduit droit à Astros, au bord de l'eau. 

Remontée plein nord le long de l'eau, je ne vous en dis pas plus, on y repassera avec Alicia en principe. Arrivé à Argos je me trouve à manger, et me pose ensuite dans un café pour bouquiner une petite heure. Je repars en direction de Mycènes, une dizaine de kilomètres au nord, pour trouver de quoi dormir juste à côté. Juste derrière le parking, un départ de piste qui me conduit à une petite chapelle en plein soleil et à l'écart des autobus : nickel ! 

Jeudi.

L'objectif premier de ma matinée était de sauter sur l'entrée du site antique avant l'arrivée des masses de touristes. Alors comme un bon petit consommateur assidu une veille de Black-friday, j'ai dormi juste devant la billetterie (enfin au plus proche, s'agit pas de faire trop de compromis sur le bucolique non-plus). Mais ça ne suffit pas et je me retrouve à faire la queue derrière les responsables de 4 bus pleins... Bon on repassera pour le calme de l'inter-saison... Je suis déjà venu ici, deux fois en vérité quand j'étais vraiment plus jeune. J'en garde les bons souvenirs visiblement, la porte au lion, les immenses tombeaux et ces murailles de rocs monstrueux : c'est aussi ce que j'en retiens en sortant, après un petit tour au musée pour un peu d'histoire et voir le défilé de poteries déterrées sur les lieux. Très sympa ! J'ai participé à un petit tournage de vidéo avec 3 lycéens hollandais, qui cherchaient activement une bonne âme pour jouer le rôle de Clytemnestre assassinant son mari Agamemnon à son retour de la guerre de Troie. Une belle manière de boucler avec la visite de Troya quelques mois plus tôt !

Je reprends mon chemin direction Corinthe et parcours un peu trop rapidement les kilomètres qui m'en séparent encore... En réalisant que je vais arriver bien plus vite que prévu au bivouac que j'ai repéré, je décide de refaire une pause café-bouquin dans le dernier village avant d'arriver : Solomos. Le karma m'a rattrapé bien comme il faut : à force de répéter à qui veut bien l'entendre que dis-donc j'ai une chance pas permise avec la météo, que la pluie ne tombe que quand j'ai un toît pour m'abriter, et que je peut compter les jours de vélo sous la pluie sur les doigts de mes deux mains depuis le 17 septembre j'ai dû l'agacer un poil... En tout cas la saucé qui trempe tout et que j'aperçois par la fenêtre du café au moment où je me suis décidé à reprendre la route pourrait bien être une manifestation de son impatience, Zélie et Achille m'avaient pourtant prévenu ! 

"Je ne suis pas en sucre, c'est pas une averse qui va m'arrêter" Bon ben go alors ! Heureusement, le même Karma a du être impressioné par mon courage à toute épreuve et me montre un peu de clémence en stoppant la pluie 30min plus tard pour laisser le soleil me sécher sur les derniers km avant la chapelle qui me servira d'abri pour la nuit. 

Nuit agitée par les junkies locaux qui viennent fumer leur teuteu à 1h du mat' et à qui j'ai demandé gentiment de me laisser dormir s'il vous plaît, oui, voilà, ok c'est gentil, merci beaucoup bonne soirée à vous aussi. 

Vendredi.

Aller, ce matin j'ai juste à me laisser glisser jusqu'à la gare routière de Corinthe pour y attendre le bus d'Alicia ! Après 7 mois de sevrage c'est une sacrée drôle d'impression que j'ai en me mettant en route... Je tue le temps et le retard (raisonnable) de son car dans le café d'en face, puis voit passer le bus et je me débrouille pour arriver une fois que tout est sorti du bus... 'peccable !

Après un petit-déjeuner au bord de l'eau proche de l'embouchure du fameux canal de Corinthe, on se mets en route pour une petite journée de vélo. Pause pique nique à Sophiko et on repart en direction d'une petite chapelle qui doit dominer la mer et promet un bivouac sympathique. La piste qui y descend est dans le top 5 des pistes les moins carrossables de ces 7 derniers mois... Mais on finit par arriver, et déniche un peu de plat sous un pin avec une vue imprenable sur la mer à nos pieds. Bienvenue en Grèce, ici c'est 3 étoiles ou rien. 

Samedi 8:

Enchantée, de passer du côté lectrice à editrice de ce fameux blog !

Un rayon de soleil sur la tente, on entre ouvre la porte, pour laisser nos visages le goûter, et observer la mer qu'on surplombe. Voilà commence les journées depuis que je suis arrivée. Des journées qui se définissent comme la définition même des Vacances. Comme ce que vous avez lu depuis quelques mois, après la routine matinale, on se laisse porter par notre fidèle destrier. Il faut quelques crash tests sur pistes bien caillouteuses, et pentes raides, avant d'avoir confiance en mon packetage, et mes freins, et il tient bien la route !! Qui dit vacances, dit "avoir le temps". Je ne l'avais encore jamais autant touché du doigt. On monte, on descend, on remonte, on redescend.. on se dirait "rho, barbant", mais en fait non ! Parce qu'on passe du temps ensemble, qu'on en prend pleins les mirettes, que ça nous fait du cardio, et que l'on peut s'arrêter à tout moment si l'on veut. Je me mets aux basiques du grec, que Cam maîtrisent déjà, et c'est l'accès aux locaux assuré ! (ehe plus ou moins, va falloir faire des progrès). Ici on trouve de nombreuses chapelles , certaines récentes, d'autres plus authentiques, et en bord de route se trouvent souvent de mignonnes versions miniatures. C'est la bonne période pour rouler, on n'est pas écrasés par la chaleur, mais le soleil nous permet d'être en t-shirt. Il faut jongler avec la doudoune qu'on enlève, remet, au grès des pentes. C'est aussi la bonne saison, parce que les fleurs éclosent de part et d'autres des chemins, ravissant nos narines. Fleurs d'oranger, début de glycines, pruniers.. Coup de coeurs pour les coquelicots particulièrement (comment dit-on cela en grec ? A vous de jouer) pourpres, presque bordeaux, qui jonchent les oliveraies, c'est magnifique. 

Le soir, on trouve une plage où nous passeront la nuit, avec des allemands sympas,voisins (ils sont partout !!) en van. Ils vivent la vida tranquilla depuis une semaine sur cette plage.

Dimanche:

Petite baignade matinale avec les allemands, qui nous donnent d'ailleurs, quelques vivres qui régaleront nos estomacs, suite à ceux qu'à engloutit leur chien. Venu fouiller dans nos saccoches, il s'est fait un plaisir de déguster les graigraines et halva qu'on stockait. Et c'est reparti ! Les noms de villages par lesquels nous sommes passés, il va falloir un peu d'entraînement avant de les retenir, mais très sympas. On suit une route côtière avec des points de vues différents sur la mer, parfois turquoise. C'est agréable, les gens qu'on croise sont souriants, et on se fait saluer de tous les côtés. On pensait trouver sur notre chemin le fameux théâtre antique d'Epidavros (connu pour son acoustique et sa scène dont le son d'une allumette craquée se propagerait jusqu'au plus haut siège du théâtre), mais on tombe sur son petit cousin. Cette région était réputée pour ses domaines medecinaux, où le dieu de la santé Asklepios y était vénéré. Il suffisait de rêver de lui, pour être guérit en se réveillant. 

Le soir on s'est trouvé un spot 8/10 ! Petite chapelle, vue sur la montagne et sur la mer, au calme. Tentative de crique aux pommes de terre, au fromage de brebis, hm!

La bise  !