Bikeal Pékin

Comme dirait nos grands-parents en avril ne découvre pas d'un fil, on pourrait ajouter que c'est d'autant plus vrai en Bulgarie. Une semaine où l'on a pas chaumé à vélo, on a profité de la saison des pluies de l'Europe de l'est et de l'accueil de ses habitants. Accompagnés de la désillusion car pour le moment nous ne sommes que deux à Sofia... 

Lundi 17 avril. Ce matin l'orage fait rage, la foudre ne tombe vraiment pas loin de nous ! Impossible de sortir de la tente par ce temps, Adrien en profite pour dormir encore et encore alors que Zélie continue la lecture du livre en anglais. On part après avoir sommairement fait sécher la toile de la tente. On choisi de ne pas prendre la route qui passe dans la vallée, conseillés par nos connaisseurs locaux, Simeon ( copain bulgare qui fait ses études à Grenoble) et Léo ( qui a fait son erasmus à Plovdiv), pour une fois on les écoutes et on emprunte la route qui mène aux Rhodopes ! On décide d'éviter le centre ville de la prochaine aglo en la coutournant : " il y aura forcément un supermarché dans la périphérie" et bien non ! Ce qui nous vaut un aller-retour de 6km et 100m de dénivelé... Mais bon les pains au chocolats valaient la peine, ou presque... On se prend ensuite une radash de l'espace, le genre qui te remplie les chaussures en moins de deux. Au milieu de notre montée on se restaure dans une petite station service de village. Un automobiliste nous encourage en voyant Adrien essorer ses chaussettes. On emprunte ensuite une plus petite route d'avantage bucolique, et le soleil nous accompagne pour cette partie. Ce soir on a en tête d'essayer de trouver l'hospitalité dans le prochain village, mais voilà les gens du village ne semblent pas du même avis. Tant pis ça serasn pour une prochaine fois, on repart tout de même avec le plein d'eau et des beignets délicieux. On trouve un emplacement à l'abris du vent pour passer la nuit sous un Prunus Spinoza (de la famille des Spéléologus) en fleurs. 

Mardi 18 avril. La nuit a été sèche, et on parvient même à replier la tente au sec. Mais dès les premiers coups de pédales, les gouttes ne se font pas attendre, c'est la saucée quotidienne, on finit presque par s'habituer. La descente dans la montagne est magnifique on rejoint une grosse ville après 50km de vélo, mais voilà si l'on veut tenir notre programme et ne pas arriver en retard à Sofia il faut encore pédaler 40km. On avale un Döner ou plutôt deux pour Adrien, pain et sauce fait maison. 20km de plat nous sépare de Plovdiv, c'est pas très bucolique mais ça roule bien et après avoir fait les courses la pluie reprend de plus belle et ne nous quitte pas jusqu'à la fin de la journée. Il est 18h30 quand on arrive à Novo Selo on est trempés jusqu'à l'os et on a absolument pas envie de planter la tente. On commence alors à zoner dans le village pour demander si les gens ne connaissent pas quelqu'un qui aurait un bout de garage au sec pour nous. Et comme toujours c'est au moment où l'on allait baisser les bras après 45min de recherche infructueuses que l'on rencontre Malina qui intriguée par notre situation va d'abord concerter son mari Georgi avant de nous accueillir à bras ouverts. La rupture de leur comportement entre le moment où l'on est sur le trottoir et le moment où l'on devient leurs invités est toujours impressionnante. Cela passe de questionnements intrigués et même parfois méfiants à de la bienveillance et de l'attention semblable à celle qu'ils auraient pour leurs propres enfants. À peine rentrés que l'on est changés et que toutes nos affaires sèchent devant le poêle. Ce couple de retraités vit désormais dans une belle maison avec un beau jardin remplis de fleurs de fruits et de légumes. Ils ont réussi dans la vie, en sont très fiers mais gardent un mode vie très simple et vivent la plus part du temps dans la petite dépendance dans le jardin. On arrive la semaine de Pâques on a alors le droit à de l'agneau des œufs peints et de la brioche.

Pour la boisson c'est raki maison et vin. Ils sont au ange quand Zélie leurs dit qu'elle trouve qu'ils ressemblent à ses grands parents. Puis on ne tarde pas à retrouver un bon lit douillet et sec pour la nuit.

Mercredi 19 avril. Petit déjeuner de roi, thé et café fumant, brioche et beignet chaud, confiture maison et miel.

C'est un régal, on prend des forces pour une nouvelle journée de vélo bien corsée. Après des au revoir chaleureux on repart les poches pleine de gâteaux, d'argent de poche et en prime une petite bouteille de raki de Georgi. Au programme de la journée 1000m de dénivelé sur une toute petite route qui serpante dans la forêt. L'ambiance est très bucolique et les nombreuses sources qui bordent la route rythment notre progression. Zélie sauve au moins 3 salamandres d'une mort certaine en les aidant à traverser la route, on en a malheureusement plus vue applaties que bien en chair. On arrive enfin au sommet sur les coups de 16h, de là il nous reste 40km de descente et de plat pour rejoindre notre logement de ce soir (un warmshower repéré par Zélie quelques jours plus tôt). On rejoint d'abord un grand lac, on y trouve une petite table de picnic un peu plus loin et oui il était temps à 16h30. On on avale assez vite les derniers km avant d'arriver à Velingrad, la route, toujours aussi petite, qui passe au fond d'une gorge est vraiment très jolie. Arrivés sur place Vasco nous indique généreusement une place dans son jardin pour y planter la tente et nous offre la douche et le repas. Au menu sandwich œufs beurre fromage (un max de protéines). Mais voilà dans ce jardin il y a des chats, et le plus téméraire d'entre eux à décidé de grimper sur la tente. Dans sa chute il plante les griffes, la toile s'en sort avec deux belles balafres aussitôt réparées avec des patchs pour toile de parapente.

Jeudi 20 avril. Ce matin on test un nouveau concept (qui va en conquir plus d'un), conseillés par Vasco et Simeon on prend le petit train qui nous mène à Avramovo, comme ça il ne nous reste plus que la descente. Après quelques mésaventures, on était pas sur le bon quai au moment de l'arrivée du train, on avait l'air trop pro à ne démonter qu'une sacoche comme nous l'avait suggéré Vasco, personne n'a cru bon de nous prévenir qu'il allait falloir que l'on traverse les rails à la hâte vélo à la main, on regarde enfin le paysage défiler, et on prend de la hauteur sans fournir aucun effort :). 

Le train fait des épingles, ça grimpe fort, ça sent bon le plein d'énergie potentielle ça ! A la gare on est accueillis au milieu d'une horde d'enfants, des migrants surement syriens, avec lesquels on plaisante un peu, mais nos cœurs se serrent à les laisser là sous la pluie, avec leurs sacs en toile... Il nous reste tout de même une belle montée avant d'atteindre Yulunda, histoire que l'on mérite un peu la descente qui nous attend.

"Allez y, achetez tout ce que les grand-mères vendent sur le bord de la route, c'est trop bon" m'avait dit Simeon lorsque je l'avais eu au téléphone, bon ben on fait confiance au local et on remplit nos sacoches de fromages et confitures ! 25 km de descente jusqu'à Belovo, où l'on passe de la grêle au hotdog dégusté sur un banc en plein soleil ( en réalité c'était 2, on avait trooop faim).

On a bien fait parce que le plat montant vent de face de l'après-midi a presque réussit à nous convaincre que l'on était nuls, mais finalement après 30km de cet enfer pour cyclistes non aérodynamiques, on arrive à la petit chapelle repérée sur la carte. Notée 10/10 sur l'échelle de bivouacabilité, table pour famille élargie abritée, eau courante et double vitrage ! 

Vendredi 21 avril. Normalement aujourd'hui il fait beau, ça tombe bien ça fait un moment que c'est pas arrivé... La matinée est un peu rude ça grimpe pas mal et on reçoit la mauvaise nouvelle.

Alors que Valentine et Arthur devaient prendre leur bus aujourd'hui, ils n'ont pas pu monter dedans, il était full et ils ont été refusés à Chambéry. C'est un peu hébétés que l'on arrive à Samokov, on englouti une döner alors que l'on a fait que 20km sur les 70 prévus aujourd'hui, va falloir rouler cet aprèm et la motivation n'est plus tout à fait au rendez-vous. [Ils vont bien trouver une solution] [ oui mais s'ils ne trouvent pas on fait quoi ?] [ Et si ce n'était pas si facile de voyager avec son vélo ?] Plein de pensées tournicotent dans nos têtes et un sentiment d'injustice nous envahit sans doute bien plus infime que celui qu'ils ont ressentis en restant là sur le quai parcequ'ils avaient des vélos ! Mais nos cerveaux fusent pour essayer de trouver des solutions, bus, train, bus, voiture de location, avion ? Ah non ça hors de questions. En haut d'une ultime montée il ne nous reste plus qu'une dizaine de kilomètres de descente pour atteindre les sources d'eau chaude promises par Vasco.

On bivouac alors à Zhelenitza, un bon petit bain dans de l'eau qui s'avérera finalement tiède mais ça fait du bien, c'est une bâtisse à l'abandon dans laquelle se trouve une piscine en carrelage qui nous offre se luxe. Un ultime appel avec les deux zozos : bon pas de solution pour ce soir, ils sont rentrés bredouilles à Grenoble, mais leur motivation n'a pas l'air altérée, ils vont réussir à quitter la France !

Samedi 22 avril. On parcourt les 25 km qui nous séparaient du centre ville de Sofia. C'était rapide c'était de la descente, c'est une bonne technique que l'on a pas perdu, entrer dans les capitales en descente c'est bien pratique !

On traverse la capitale, il fait beau, c'est le printemps ici, le vieux tramway nous laisse le temps de pédaler entre ses rails. On mange un petit kebab, la file d'attente sur le trottoir nous avait attirés et on a pas été déçus, pain fait maison, des vrais frites ( on a vu le livreur de patates) et tout tout, on se disait qu'en France ça existerait pas ou ce serait un argument de vente qu'il faudrait payer...  Après l'annulation de l'appart pour 4 on a trouvé une petite auberge de jeunesse super sympa, où l'on se pose après 8 jours de vélo intensifs !

Dimanche 23 avril. J'allume mon téléphone ? Je l'allume pas. Tant que je n'ai pas vu le message, je peux garder l'espoir, lorsque je me connecte je lis enfin "c'est bon on est dans le bus, les chauffeurs étaient super cools !". On peut se lever le cœur léger pour rejoindre Jeff et Katee, des amis de Simeon avec qui on va faire une petite randonnée dans les montagne au dessus de Sofia. Et si Simsim m'avait conseillé de bivouaquer à Zhelenitza je crois que tout la bande adore cet endroit, alors une fois n'est pas coutume, on prend le bus pour retourner au même endroit. Mais cette fois on prend de la hauteur et c'est bien sympa, on partage un pic-nic au point culminant de la journée, un peu sous la pluie mais je suis entourée d'un Belge, d'un Normand et d'une Bulgare (qui a vécu 9 ans en Ecosse) alors ça n'a pas l'air de les déranger outre mesure.

On termine cette superbe journée chez Yasmina (une autre amie de Simeon) qui nous a préparé une sorte de houmous à la tomate, qui m'a coachée pour la préparation de mon premier Tarator (soupe de concombre), elle nous a également régalé de son meilleur Banitza. C'était trop cool de rencontrer des locaux, de notre âge et à l'image de Simsim très gentils et accueillants. 

(Vous comprendrez donc pourquoi nous n'avons pu publier le blog ce jour )

Lundi 24 avril. Ce matin Arthur et Valentine sont arrivés à Arad, on décide donc de tous se retrouver à Belgrade en Serbie le lendemain. On part tenter notre chance à la gare. Il n'y a pas de train, juste un bus qui part tous les matins à 9h, et ben ça ira. On tente d'aller voir la compagnie du premier bus qui avait refusé Arthur et Valentine pour tenter un remboursement, ça ne paraît pas impossible, affaire à suivre ... On en profite pour un rapide tour d'horizon de Sofia

, sur les conseils d'Hugo on a rendu visite à la cathédrale Saint Alexandre de Nevski qui n'a rien à envier à Ayasofia ( la grande mosquée d'Istanbul).

En sortant du petit bistrot où l'on s'était posés (pour dans l'idée première écrire ce petit article mais dans les faits nous avons plutôt appelé Kam et Alicia ^^).

J'ai également perdu ma trousse avec tous mes stylos à laquelle je tenais particulièrement, en refaisant le trajet, on finit par la retrouver sur un meuble dans une vitrine d'un des magasin dans lequel on est passés, mais fermé à cette heure. La gérante a fait 1h de transport pour venir m'ouvrir ! 

On s'excuse du retard encore une fois ! Et on vous spoile pour la semaine prochaine mais nous devons vous rassurer, on a enfin retrouvés Valentine et Arthur à Belgrade !