Çok güzel les vieux cailloux !

Cette semaine nos guiboles nous ont conduites à la visite de nos premières cités antiques. On a compté, admiré, touché et même fini par être lassé de ces vieux bouts de cailloux ! 

Lundi 16 janvier.La journée commence par un Kahvaltı chez Hasan. Il est allé à la boulangerie nous ramener des simits, nous a fait des œufs durs, il a fait les choses en grand. On a de la feta, des olives, de la confiture de cerise issu d'un pot de 3kg (au moins), et du çay à volonté. On pacte toutes nos affaires que l'on viendra récupérer en fin de journée et l'on suit Hasan à travers le brouillard qui nous emmène à Efes. On le suit partout en file indienne, c'est la maman poule avec ses petits poussins. Ici tout le monde le connaît et sur la route on est salués une bonne dizaine de fois. Il nous accompagne à l'entrée et garde nos vélos pendant que l'on dirige vers le gişe. Lorsque l'on prend nos tickets, l'un des gardes nous lance trois mots de français et tend à Zélie : " tiens c'est pour toi !". C'est un livre sur Efes en français qui accompagnera toute notre visite. On laisse derrière les grilles Hasan notre bienfaiteur, veilleur de nos bécanes. On déambule au milieu de ces pierres taillées il y a plus de 5000 ans. L'avenue du port d'Efes, le dallage est presque parfait, on a du mal à imaginer un port au bout de cette avenue, la mer est aujourd'hui à 8km, les sédiments ont eu le temps de faire leur travail. Dans les dernières nappes de brumes de fin de matinée la cavea de l'amphithéâtre d'Efes se dessinent dernière nous.

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On se répartit dans les gradins pendant le récital du corbeau et du renard de Camille tout en bas sur la scène. On passe alors à une estimation du nombre de places, la réponse trouvée dans notre petit livre est bien au dessus de nos hypothèses, 24 000 places, soit légèrement plus que les 750 places proposées par Camille (pour les ordres de grandeurs on repassera).

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(Spécial dédicace à la filière HOE qui font pas mieux que les grecs !).

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On se balade dans ces rues marbrées, l'agora d'Efes, la bibliothèque d'Efes, la maison close d'Efes, la bourse d'Efes, enfin voilà on passe la journée à répéter tous les mots avec "d'Efes" derrière parce que c'est rigolo. Après 2 bonnes heures de visite nos estomacs crient famine, on retrouve Hasan fidèlement à proximité de nos vélos. Il nous ramène au café fétiche de son club, celui-là même où tout a commencé 24h plus tôt. Onur nous y attend un verre de çay vissé à la main. On réussit à régler et offrir le repas à Hasan, qu'avec Camille ils sont allés chercher chez leur boui-boui habituel, un endroit dans lequel on aurait jamais mis les pieds de nous-mêmes. Cet après-midi Camille, Achille et Zélie ont pour projet d'aller visiter le musée, je crois qu'Adrien avait dépassé son cota annuel, faut dire qu'à Istanbul on en a légèrement abusé (des musées pour ceux qui se seraient perdu dans cette phrase à rallonge). Impossible de quitter la terrasse de leur café sans avoir accepté de rester une nuit de plus, Hasan et Onur se jette corps et âmes dans ce combat, il est déjà tard, vous ne savez même pas où dormir après, ils annoncent de la pluie... autant d'arguments incontestables, nous n'irons pas au musée sans approuver. Alors on finit par céder, pas mécontents d'une seconde nuit au chaud. On se dirige vers le musée joyeux, on est morts de rire lorsque l'on met un pied dedans, ça promet du sérieu. Adrien profite du soleil dans le parc aux alentours. On fait une visite expresse, à chaque nouvelle statut y'en a un qui dit le mot qui déclenchera la nouvelle esclaffade. On passera presque plus de temps dans la boutique de souvenirs sans que l'un d'entre nous ne ramène finalement le collier Efes sur un cœur rouge ou le sablier I love Türkiye, ce n'est pas faute de pour combien pourtant. Visite de cité antique, musée, notre équipe a bien besoin d'un petit remontant (et la je suis sûr que vous voyez où je vais en venir), Zélie saute dans la première boulangerie pour quelques Izmir Bombasi. Et là, la nouvelle tombe pendant que l'on se dirige vers la Baklavaları (repérée le matin même par nos 3 affamés), "heu c'est quoi des Baklavas ?", Achille ohlala Achille, c'est l'excuse de trop qui fera déborder la boîte.

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On retrouvera Hasan au café, toujours le même, et ouais c'est celui du club de vélo quand même. Puis retour à la maison on se sent un peu chez nous, Camille et Achille se lance dans la confection d'un dahl, Zélie et Adrien dans celle d'un gâteau. Ce soir on cuisine, Hasan a accepté, après lui avoir expliqué que non il n'y aurait pas seulement Zélie qui cuisinerait. Hasan nous sert des grands verres d'une vinasse pas des plus onctueuses, mais qui nous fera bien rigoler.

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On rejoint chacun nos lits et canapés, en sachant bien que le lendemain la "yamur" (pluie) ne nous laissera sûrement pas tranquille. 

Mardi 17 janvier. Cette fois Camille a devancé Hasan pour la boulangerie et on le félicite, ce ne sont pas les marmottes qui auraient réussi cette prouesse. On prend un bon petit-déjeuner turc avant de se remettre en selle. Le passage par le bar à çay est incontournable, Onur nous y rejoint. Vînt alors l'heure des adieux déchirant, ils ne veulent pas nous laisser partir, mais voilà on reprend la route.

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On attaque par une grosse nationale qui monte bien, entre les carrières, les travaux en plan, les gros camions et le temps maussade qui plane depuis ce matin, l'ambiance n'est pas des plus motivantes.

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On redescend sur un petit village où l'on hésite à chercher quelque chose à manger ou non, il est 13h et d'après les experts météorologues qui roulent à nos côtés il devrait pleuvoir entre 13h10 et 13h20. Aller on continue, il nous reste une belle montée. C'est dans l'ascension de ce long col en piste que l'on reçoit les premières gouttes, passage en mode pluie et on prend notre mal en patience.

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On s'élève au fur et à mesure que le bruit des éoliennes du sommet se fait de plus en plus proche. Zélie n'est pas au top de sa forme, et cette petite montée sur piste imprévue n'est pas des plus confortable (mais bon c'est elle à la carte même pas possible de râler).

P1172541.JPG, janv. 2023 Samos en souvenir d'une nuit pluvieuse !
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La descente se fait par une piste sacrément boueuse, on se remplit les chaussures comme il faut. On arrive à Söke vers 15h30, il faut trouver à manger viiite, sustenter nos cyclistes affamés devient une urgence. On déniche un boui-boui qui fera l'affaire, les gars partent à la recherche d'un endroit pour changer de l'argent, une bijouterie se révélera être la solution, on note pour la prochaine fois. On se remet en route sous un ciel bien sombre avec l'idée de trouver rapidement un bivouac sur le bord de la route, d'après les conseils de Onur. Ça nous semble plus compliqué que prévu, on en vient à établir une règle : "toujours se méfier des conseils matière de lieu de bivouac" pour l'instant les deux essais sont un doublé raté. On finira dans un parc de village à l'abandon, à l'abris d'un garage (moins glauque que la dernière fois rassurez-vous)

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. Zélie ira se coucher directement, ça va pas fort, mais un dodo à 19h ça ne peut pas faire de mal. Pendant que les garçons se font une belle marmite de patates au fromage, et racontent à Achille les anecdotes les plus croustillantes depuis le début au vu de leurs éclats de rire. Tout le monde part se coucher et pour l'instant ça à l'air de se maintenir au sec !

Mercredi 18 janvier. Pour l'instant j'arrive à suivre la cadence folle des trois lascars. Fatigué de la veille notre reveil fut matinal, et pour cause la tour du muezzin est à 100m de notre garage, à 7h15 l'appel à la prière nous arrache du sommeil pour 6 minutes 30 (le chronomètre à été lancé). Après une heure et demie de sommeil en plus nous nous reveillons au soleil. Les coutumes matinales ont lieu : tartines trop remplies, thé insipide (ou au goût du repas de la veille, au choix) et porridge cramé sont de sortie. 
Aller hop, s'agirait quand même de pédaler un peu, nous partîmes sur des lignes droites, au début ça file bien. L'aspirateur (qui fait l'aspiration bien sûr) roule à fond sans se douter une minute qu'un vent infernal va s'abattre sur lui et ses poursuivants. Une ligne droite digne du sud des États-Unis est devant nous, 10 km rectilignes avec du vent de face, une attaque directe dans le mental. Pour nous reposer un peu nous faisons une pause figues, Camille nous fait la démonstration qu'il peut en mettre 10 dans sa bouche, oui notre âge mental régresse plus les km sont éprouvants. Puis vient l'heure des plumeaux, nous longeons des roseaux depuis 12 km alors comment ne pas en accrocher à l'arrière de nos vélos, plus le roseau est grand plus le panache est présent !

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 Arrivés à la citée antique de Miletos, après nous apercevons au loin (environ 10 km à vol d'oiseaux) le lieu de notre depart du matin, sauf que nous n'avons pas pris un une route direct pour arriver à Miletus, non, trop facile, nous avons parcourus 23 km face au vent !
Miletos reste tout de même un lieu impressionnant, l'état de conservation de son théâtre est presque parfait 3000 miles ans et des brouettes après ! Nous en avons conclu attention tenez-vous bien, que le marbre, c'est solide !

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C'est reparti, nous recherchons maintenant un endroit pour manger car à 15h30 les ventres s'affolent de ne pas avoir eu leur pitance. Malheureusement Zélie qui à eu la bravoure de nous suivre avec un petit état maladif ne pourra manger que du riz. Nous nous arrêtons donc dans un petit village sur la table de la superette du coin en urgence pour dévorer tout ce que nous trouvons !

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Enfin sentant la fatigue, dûe au vent à faire tomber les vélos (surtout celui d'Achille qui à la bequille fébrile), nous décidons que c'est l'heure du bivouac. Alors nous entamons la descente (merci Apollon/Artemis/Hermes et tous les autres, enfin il se passe autre chose que du plat à l'infinit). Au milieu de cette descente avec Zélie en première, suivie d'Achille et enfin Adrien, Camille fermant la marche. Nous passons devant des chiens aux airs d'ours, aboyant d'une note grave, temoignant de leur envie de manger des mollets de cyclistes. Parfois nous nous arrêtons histoire de temoigner du fait que nous sommes des humains, et que nous sommes à respecter. Zélie hésite à faire ralentir la troupe, mais un "ne vous arrrrrrêter paaaaaas" affolé de Camille qui est le plus proche de la menace la fait accélérer pour ne plus s'arrêter. Heureusement que nous étions en descente, sinon les mollets voir même Camille en entier auraient connu un sort autrement plus funeste. Nous nous arrêterons 2 ou 3 km plus loin sur un lieu de bivouac idyllique, presque pas de vent, soleil couchant, flamants roses sur le banc de sable au loin.

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Repos bien mérité, Achille aura quand même répété une bonne dizaine de fois, "oh je suis deg' de pas avoir de jumelles !", en même temps la réserve ornithologique semblait bien riche en biodiversité. Première coinche gagné par Adrien, bravo, chapeau l'artiste ! La nuit se couche et l'instinc de volaille de Camille le pousse à faire de même. Encore une fois la nuit sera longue ! 

Jeudi 19 janvier. Réveil, petit dej', départ, toujours du vent, Didim est en vue. A peine commencé que nous prenons la décision de changer la chambre à air de Zélie (oui souvenez-vous, elle se dégonflait lentement). Nous nous arrêtons donc à une station service qui nous permet facilement de remplir le réchaud et de changer la roue.

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Nous roulons ensuite la quinzaine de km qui nous sépare de la ville. Encore un site antique, le temple d'Apollon, visite impressionnante de part la taille des gros cailloux. Les colonnes au nombre d'environ 50, font toutes 7 mètres de périmètre (nos 4 envergures additionnées). Les pierres basales de celles-ci font 2 m de diamètre et 1 mètre de hauteur, sachant que la masse volumique du marbre étant de 2700kg/m³, combien pèse une pierre basale ?
Et ainsi estimer l'ordre de grandeur du poids de l'ensemble des colonnes sachant qu'une colonne mesure environ 15 m de hauteur.* Il nous arrive d'avoir des reflexions metaphysiques (surtout physique avec les ingés du groupe) devant l'impressionnante motivation des grecques/romains à déplacer et empiler des cailloux.

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De plus, les colonnes ne représentent pas du tout la majorité des pierres du site, alors la question sous-jacente posée par Achille "Combien y a-t-il de pierres sur le site ? ", aucuns des 4 ne s'est risqué à estimer, beaucoup trop. Après cette visite fort amusante, nous avons fait escale dans le ville de Didim pour manger dans un resto ! Une fois requinqués et les courses du soir faites nous suivions une grande route quand Zélie l'orienteuse du groupe crie à Adrien et Achille devant, "à gauche". Devant un terre plein central et une rue en sens interdit les deux premiers décident de ne pas y aller on prendra la prochaine ca ira même si ca nous fait 100 m de detours. Alors nous prenons celle d'après, qui semble aller dans notre direction, nous pedalons, ça descent un peu, mais, même avec un vent de face, c'est facile. Puis au bout de 5 km plus rien ! La route menait à un de ces complexes hôteliers immenses et à la plage. Ambiance maussade, nous fîmes demi tour sous les regards noirs de Zélie qui pris la tête du groupe afin de nous ramener sur le droit chemin. Nous aurons gouté au vent de dos au moins ! Enfin remis sur la bonne route, qui s'avère être en fait une piste boueuse. Le lieu du bivouac est trouvé (oui il est tôt et nous n'avons pas beaucoup pédalé, enfin si mais avec un detours de 10km...). Un petit coin dans un champ d'oliviers au bord de la mer. Mais nous n'avons pas d'eau, alors Adrien fait don de son corps pour aller nous en chercher à la mosquée à 800 m. Merci à lui d'avoir traversé 2 fois la flaque immense qui lui a mouillé les pieds. Le soir, petit feu, et luxe ultime du campeur : chamalow grillés ! 
Bien endormis à l'abris du vent et sans pluie ouf ! 
*Réponse du problème des colonnes :la pierre basale pèse environ 8 tonnes donc une colonne pèse environ 120 t et les 50 colonnes 6000 t ! Merci aux esclaves pour avoir construit ces lieux que nous visitons !

Vendredi 20 janvier. Le matin se lève, Achille, Adrien et Camille aussi. Zélie ? Zélie non hein... D'après ses dires, un fer à béton lui traverse la tête quand elle émerge, pas facile de bouger avec un machin pareil rivé dans le front. Vers 10h, d'un accord tacite, les trois autres restent affalés dans les chaises, le petit déjeuner terminé mais encore étalé à leurs pieds. On s'occupe : Achille bouquine, Adrien l'imite. Puis on part se poster à l'affût pour tenter d'observer le Martin-pêcheur repéré par Achille, courbés dans la garigue. Le doute persiste : est-ce bel et bien un Martin-pêcheur ou bien est-ce finalement un Martin-chasseur ? Après 10 bonnes minutes d'observation, la pluie nous surprend. D'abord légère. Puis... Aller ! On range tout ce qui craint, et on se calfeutre au fond des tentes qu'on a laissé en place, heureusement. Eh oui ! On avait encore fait un déni de ciel pourri ! La première averse passe. Réunion au sommet : vous voulez faire quoi du coup ? Zélie n'arrive pas à se remettre en forme dans ces conditions, elle pense que ça passera si elle passe une nuit au sec, dans un lit, avec une douche chaude. Après délibération, on choisit de l'attendre ici, et si demain c'est pas mieux on avise. La décision semble scellée, mais une nouvelle averse, au moins aussi redoutable que la première, s'invite. On se re-calfeutre, espérant que ça passe. Adrien se propose d'aller refaire les réserves d'eau et de nourriture, et du même coup accompagner Zélie chercher une pension. Et ils partent tous les deux sous la fin du grain qui arose copieusement la campagne environnante.

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Copieusement au point que Camille sort se mouiller pour creuser des douves autour de la tente dans laquelle se dispute ensuite la partie de Yam du millénaire : le gagnant aura le droit d'engloutir la dernière banane, seule provision restante et ce jusqu'au retour du messi - Adrien si vous n'aviez pas suivi. Achille gagne, mange le butin et laisse mourir de faim son comparse. Bel esprit. Pendant ce temps, Zélie se dégote une super chambre dans un motel glauque à souhait, odeur de tabac froid et douche au dessus de toilettes, pas d'PQ, enfin le rêve quoi ! Cependant, il y a un lit, et c'est tout ce qui importe puisque la belle au bois dormant s'effondre à 16h pétantes pour ne se réveiller qu'à 9h le lendemain grâce à son réveil. Joli ! Sur les coups de 15h les prévisions bibliques s'accomplissent, et Adrien revient les sacoches chargées d'eau, de Börek et de Baklava. Alléluia ! Le soir arrive sous un ciel dégagé (un confort dont on ne prend que mieux conscience) et on se met en tête de démarrer un feu avec le bois humide ou trempé de pluie. Après 30 min d'efforts accharnés, les flammes crepitent et on s'installe autour pour manger notre pitance du soir : re-patates au fromage ! Quand il n'y a pas Zélie on manque d'inspiration faut croire... 

C'est l'heure d'aller se coucher, on s'apprête à se mettre au lit quand un bruit de moteur se fait entendre à 200m derrière nous. Une petite recontextualisation s'impose ici, afin d'assurer au lecteur une meilleure appréciation de l'intrigue : ce matin déjà Camille avait entrevu (en plus du Martin-pêcheur) une voiture bordeau, garée à 150m des tentes. Il n'avait pas prêté plus d'attention à ce constat, présumant un promeneur, et s'était même amusé à imaginer un espion qui les surveillerai de loin à la jumelle, sans trop y croire. En fin d'après-midi, en partant de dégourdir les jambes avant de démarrer le feu, Achille et Camille ont croisé sur la piste une voiture très similaire, forme, taille et couleur surtout, garée sur le bas-côté. Un homme à l'intérieur, lunettes noires, répond aussi sèchement que possible au salut d'Achille. On plaisante, suggérant que l'individu soit en réalité posté ici, à attendre que nous désertions le camp pour venir farfouiller nos sacoches. Au retour la voiture a disparu. Adrien, rassemblant le bois pour le feu en attendant le retour de deux promeneurs, a vu une voiture rouge foncé passer sur la piste, ralentire en passant devant le camp, s'arrêter quelques minutes, puis repartir. Le bruit de moteur, dans la nuit, nous pousse à tous les trois évoquer cette fameuse voiture rouge. Pas encore certains que ça soit drôle, on fixe la piste avec nos frontales poussées à fond. Avec le bruit qui s'amplifie, on regarde sans trop y croire un profil de voiture identique celui qu'on a tous imprimé dans la mémoire, et dont la couleur, sous nos éclairages de fortune, pourrait bien être bordeau. Miséricorde. Misérimeeeeerde quand elle s'imobilise, en face de nous, à 100m, puis éteint ses phares. Puis... Rien. On attends en silence, sans oser quoi que ce soit, que la portière claque et que le propriétaire des lieux s'avance pour nous demander de partir... Mais rien. On se risque à éclairer la voiture de nos lampes, impossible d'être sûr de ce qu'on voit mais elle est bien toujours là. "On va le voire ?" suggère Camille. "Je pense pas, si il nous veut quoi que ce soit il viendra."
On se glisse dans les tentes, le palpitant à 250bpm, se forçant à lire pour garder les yeux ouverts tant que l'autre n'est pas parti. Achille cède "Eh ben il va mal dormir dans sa caisse hein !", on éteint. Après 15 minutes environ, le moteur se remet en route, et le bruit s'éloigne sur la piste. Rassurés, on se laisse glisser dans un sommeil agité de rêves plus ou moins liés à cette drôle d'histoire dont on n'aura jamais le fin mot : Que nous voulait l'homme ? Pourquoi avoir passé la journée dans sa voiture à nous observer, pour repartir sans même s'approcher ? Voleur ? Agent de surveillance ? Espion..? 
En tout cas tout s'est bien passé pour nous, et, à part une belle montée du cardio, rien à déclarer !

Samedi 21 janvier. Ce matin c'est suspens : Zélie est-elle remise d'aplomb ? Va-t-elle nous rejoindre ici pour repartir comme si de rien n'était ? Et la réponse au message de Camille tombe : c'est un OUI ! Prends ton temps pour venir, ici tout est trempé par la rosée et le soleil pointe juste pour sécher... Autant dire qu'on est pas fin-prêts. On repart à l'assaut des pistes Turques, couvertes de glaises de toutes les couleurs qui éclaboussent nos vélos et les marquent de tâches rouges, blanches, bleutées.

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Après avoir longé l'eau pendant une bonne heure, et admiré les complexes hôteliers et lotissements HORRIBLES qui déforment de façon indécente le paysage côtier pourtant si charmant, on s'enfonce dans les montagnes pour couper une péninsule à sa base.

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Le retour de la montée se fait sentir dans les cuisses, avec les petites journées enchaînées ces derniers temps on n'est plus en forme ou quoi ? Achille et Camille prennent la tête de ce petit col, arrivent en haut et attendent les deux autres. Une voiture s'arrête et l'homme leur parle en Turc. Camille comprend "arkadaş" (ami) et s'enquiert "problem var?" (İl y a un problème ?). L'homme répond aussitôt "hayır! Problem yok!"(non ! Aucun problème !). Heureusement que la seconde voiture abrite une dame partiellement anglophone, qui nous fait comprendre qu'il y a eu crevaison... Camille, avec le matériel de réparation dans ses sacoches redescend aider Adrien à changer de chambre à air et, 20 minutes plus tard, on pique nique en haut. 
Une goutte, deux goutte, ok on s'active ! Couverts de nos gore-tex, on se lance dans la pente descendante jusqu'au village de Kasıklı, où on fait le plein d'eau à la Mosquée. On reprend la route avec en tête une petite crique au bord de l'eau, où le bivouac promet d'être sympa. En effet, après quelques kilomètres de piste descendante, la crique s'ouvre à nous. On trouve une super terrasse, devant une maison qui semble inoccupé. On s'installe, un peu frileux, jusqu'à ce qu'un homme s'avance et nous demande "kamping ?". On fait oui de la tête "bir akşam" (un soir). L'homme nous donne sa bénédiction "problem yok!" (pas de problème) et on termine de déballer notre fatras.

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Une promenade sur la côte (magnifique), une partie de coinche très serrée et une assiette de riz accompagné de son curry de légumes plus tard, on se couche avec en face de nous une baie paradisiaque et au dessus de nos têtes un ciel étoilé de qualité supérieure. Pas pire.

Dimanche 22 janvier. Ce matin, le temps est maussade et nous sommes bien contents de faire le petit-déjeuner au sec sous notre préau. On s'amuse de voir passer devant nous diverses voitures les quatres roues dans la mer pour rejoindre l'autre partie du village. On commence la journée par une petite montée à plus de 10% histoire de bien se mettre en jambe. Arrivé en haut, Adrien (qui fait inhabituel n'a pas sa montre au poignet) remet sur le tapis une idée évoquée précédemment. Un membre du groupe ne regarde pas l'heure de toute la journée, et tout le monde se cale sur son rythme. Camille qui n'avait lui non plus pas regardé l'heure de la matinée rejoint l'expérience. On descend comme des fusées sur une route trempée traverse les champs d'oliviers pour rejoindre Iassos. N'ieme cité antique conseillée par Onur Pinar ( Président du club de cyclisme d'Efes) qui s'avère être quelque peu décevante. On ne sait pas bien si c'est la bruine permanante, l'aller-retour de 6km engendré par cette visite, ou la lassitude des vielles pierres, mais c'est unanime aucun de nous quatre n'est émerveillé par le lieu.

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Pour finir on mange dans un restau un peu trop cher et pas vraiment asser copieux, bref un aller retour bien rentabilisé... Une fois n'est pas coutume on rattaque par une côte à 10%, et en haut entre Adrien et Camille les avis divergent l'un pense qu'il est 14h30, et l'autre une heure plus tard. On rejoint une vallée agricole plate dans laquelle il faudra trouver un bivouac pour la nuit, pas le plus facile en général. Après un petit çay offert par le vendeur de fruits et légumes du bord de la route on se dirige vers le village suivant pour y acheter de l'eau.

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Oui oui vous avez bien lu, en effet depuis quelques jours l'eau que l'on trouve est systématiquement un peu salée (ce qui n'arrange pas la digestion de Zélie). Ce soir on dort dans un champ d'olivier avec une vue splendide sur un coucher de soleil.

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