Bikeal Pékin

Cette semaine c'était l'eau dans tous ses états, on a remonté une longue rivière, autour de nous les cascades ressemblaient à des méduses figées, on a dormi au bord d'un lac plus ou moins gelé, on s'est bien pris la neige et le brouillard givrant pour finir noyés sous la bière !

Nouveauté : résumé de la semaine en 10 idées, pour vous éviter la lecture du pavé ;) 

Lundi 27 février.

Aujourd'hui 50km de montée au programme, ce n'est jamais raide mais c'est continu toute la journée. La route suit la rivière de près, et nous voyons de nombreux spots de bivouacs sur les berges pendant toute la matinée.

Mais au moment d'en trouver un ça se corse, rien n'est accessible (pentes trop raides, glissières de sécurités) alors on continue encore et encore dans ce vallon de plus en plus encaissé... On finit par se poser 45 minutes plus tard sur un petit plat herbeux juste au dessus de la route. Rien à voir avec l'emplacement espéré en bord de rivière mais ça fera très bien l'affaire. Cette nuit ça risque de pincer sévère, on a vu sur deux magnifiques cascades de glace à l'ubac. On teste alors les doudounes dans le duvet, et ça marche plutôt très bien, le moindre mouvement permet de se réchauffer.

Mardi 28 février. La montée continue, les camions on en peut plus, on a mal au c***. Cette nuit il a fait frisquette (autour de -10°C) la gourde de Zélie oubliée dehors est entièrement gelée. On le savait en théorie mais la bonne nouvelle c'est que le réchaud à essence fonctionne très bien même par ce froid (merci Michel).

On finit de remonter la rivière dans la matinée, pour prendre pied (ou plutôt roue) sur un immense plateau. La route rectiligne en légère montée est radicale, ça coupe les jambes et sape le moral. Heureusement que les gens sont toujours aussi contents de nous voir ça fait chaud au cœur. On arrive au dernier gros bled avant un moment (2 jours de vélo) on en profite pour faire les courses, mais pas évident de trouver un market qui vend autre chose que des sacs de 10kg de patates et des poids chiches secs... Ce soir au dors aux abords d'un grand lac gelé, c'est la première fois du voyage qu'il faut faire la trace pour accéder à un point d'eau. Ce soir encore il va encore faire froid, alors on est efficace on mange un bouillon, et zou dans les duvets. Cette fois on prend le temps de mettre tous nos appareils électroniques dans nos duvets aussi (les batteries n'aiment vraiment pas le gel,  c'est pour cette raison qu'on a pas trop de photos de cette journée).

"Adrien éteins ta lampe, il y a une voiture qui pointe ses phares sur nous"
"Alors là on est au milieu de nul part, il y a personne qui va venir nous faire ch***"

Au final le curieux qui voulait venir nous voir c'est embourbé au début de la piste (à 800m de notre tente) et n'arrivait plus à sortir. Il aura fallu que trois autres voitures s'arrêtent pour lui venir en aide avant qu'il sorte de son ornières et nous laisse tranquille pour la nuit.

Mercredi 1 Mars. Record absolu du voyage aujourd'hui on lève les voiles à... 13h du matin, dur dur de sortir de la tente avant le soleil.

On traverse des petits villages isolés aux noms tous plus imprononçables les uns que les autres. La route longe bientôt le lac de Pavarani, une immensitée gelée, c'est assez impressionnant à voir on dirait un grand plateau glacière. Une dernière montée (pendant laquelle on s'insurge de la privatisation des services de bases comme la santée, l'éducation, l'eau, l'énergie), et on apprécie enfin notre première descente depuis maintenant trois jours.

130km de montée quasiment non stop c'est une belle expérience. Plus loin sur la route on double les gros camions Russes Kamas qui viennent d'ouvrir la route, (d'énormes congères se sont formées pendant la nuit) on a eu le nez fin de partir si tard.

On file en direction de la vallée le vent dans le dos en descente, on se sent vraiment pousser des ailes.

Le ciel est très menaçant, ce soir on dort à l'hôtel, on ne veut pas être dehors par ce temps.

Jeudi 2 mars. Soit le jour de la glande. On se réveille on ouvre les rideaux de notre petite chambre, il pleut dehors, on jette un œil à la météo et d'un commun accord on se rendort. On décide de passer la journée et une seconde nuit ici parce qu'on a la flemme. Grand mal nous a prit, finalement la météo n'était pas si mal, toujours 20 fois moins pire que ce qu'on s'est pris le lendemain ! On passe la journée à se reposer, dessiner, écrire et passer quelques petits appels. On fait un peu de riz aux petits pois sur le balcon, et devant notre tup, Zélie propose ce qui s'avérera être la journée la plus extrême en terme de météo, de deniv et km cumulés et d'heure d'arrivée,
" Adrien si demain on allait à Tbilissi ?
Genre on fait les 95km d'un coup !". Forcément qu'il est chaud donc au lit parce que demain ça va pas faire rire les patates à la cave !

Vendredi 3 mars. Soit la big journée. Ça fait quelques minutes que l'on est partis lorsque l'on fait la première pause pour mettre les pantalons Gore-Tex, parce que ce qu'il tombe du ciel est vachement humide quand même.

On attaque la première ascension de la journée sur les plateaux au dessus de Tsalka, et pour une fois on est vraiment contents que ça monte, ca nous permet de se garder chaud. C'est une quinzaine de kilomètres neige de face (vent de face + neige = neige de face), c'était la première fois que l'on expérimentait, si jamais dans votre vie l'occasion se présente, faites le choix de ne pas vivre cela ! On garde la pêche ce n'est que le début, le vent plaque le pantalon étanche sur nos cuisses qui descendent en température, on imagine toutes sortent de techniques, et si on glissait des bouts de carimate ? Ou le tarp ? N'importe quoi qui pourrait faire une couche isolante, mais aucun de nous deux n'a envie de s'arrêter et d'ouvrir ses sacoches au risque de les remplir de neige ... Alors on attaque la descente habillés comme ça ! Terrible erreur, elle est super longue cette descente, la neige se transforme en pluie transfixiante. Je me surprend à me laisser aller à attendre passivement la fin de la descente et avec elle la possibilité de me réchauffer, mais cette fin n'arrive jamais, je me reprend en main, aller on bouge les doigts, on appuie sur la pointe des pieds ... et puis stop faut s'arrêter là, faut mettre les gros gants, je suis au ralenti un peu comme un fantôme qui claquerait des dents ! Heureusement on arrive au bout, on n'a jamais accueilli une montée avec autant de plaisir, on remonte légèrement en température. Adrien court à coté de son vélo pour tenter une récupération de son avant pied. C'est transits que l'on arrive au petit village d'Algeti. Un petit market mais rien qui n'a l'allure d'un bar avec un gros poêle. C'est la gérante du market qui nous accueille dans la pièce chauffée au feu de bois où elle passe la journée avec ses deux filles. C'est exactement ce qu'il nous fallait, on se déshabille devant le feu, nos couches successives se mettent à fumer, on nous sert du thé russe, des tartines de fromage et confiture maison.

Elle envoie Barbara sa fille de 7 ans nous chercher des pantoufles qu'elle vend dans son magasin, pendant que la grande 13 ans traduit des mots en anglais. C'est bien plus que ce que l'on aurait pu espérer, on repart secs, prêts à prendre une nouvelle rincée. On attaque la deuxième grosse montée de la journée, il est 14h, on a fait qu'un petit tiers de la distance, ça va finir à la frontale cette histoire ! Le brouillard est si épais, s'il y a plus de 4 mètres entre nous on ne se voit pas, les voitures roulent avec les warning, c'est ambiance !

Il est 18h lorsque l'on passe devant une auberge, il nous reste 25km et Adrien doit manger, on s'arrête engloutir une assiette de frite, une georgian pizza et un coca (oui il fallait faire le plein de sucre la !). Le téléphone de Zélie s'éteind avec 40%, on le met à charger il nous le faut pour trouver la pension, mais le froid et la pluie ne lui ont pas fait du bien. Maintenant il fait nuit, (promis maman on a nos lumières !), ça monte encore un peu et après c'est 20km de descente sur Tbilissi ! Lorsqu'il est temps de regarder l'itinéraire, le téléphone de Zélie n'a pas chargé sur la batterie (humidité dans le port usb apparemment, je vois pas pourquoi ?). Toujours est-il que notre unique carte sim est la dedans, alors sur le bord de la route sous la pluie dans la nuit, on change la carte sim de téléphone, on parvient même à retrouver le fermoir de la boucle d'oreille de Zélie que l'on avait fait tomber dans les graviers (oui oui pour ouvrir le logement des cartes sim c'est l'outil idéal !).

On arrive au Bro bro hostel conseillé par Ben et Lukas nos copains Allemands que l'on avait rencontré en Albanie avec qui on a passé une nuit sur une plage paradisiaque, okay c'est difficile de suivre ;) si vous voulez jeter un œil à leur parcours c'est @abfahrt_tour sur Instagram ! 5€ la nuitée dortoir c'est parfait ! Ils nous conseillent un petit resto et au lit pour un dodo bien mérité !

Samedi 4 mars. On se lance dans la visite de cette capitale qui nous a fait bonne impression hier lors de notre arrivée nocturne.

Visite de la cathédrale de la trinité, on a une belle vue sur cette ville d'un million d'habitants, entre les montagnes, avec son téléphérique, elle a un petit air de Grenoble :) On déniche un petit bout du mur de Berlin, offert en signe d'union et de paix entre les deux pays !

Ce soir c'est petite bière avec les copains deutsch, deux autres bikepackers logent à la pension, on fait un sacré petit groupe, les tournées s'enchaînent, Lukas qui est à Tbilissi depuis plus de 15 jours est notre tour operator, on le suit partout, on monte même à 6 sur la banquette arrière d'un taxi ! Et le reste bah vous avez pas besoin de savoir mais on a bien rigolé !

or not ...

Dimanche 5 mars. Soit la journée de la glande 2. Au vu de la soirée de la veille ça n'a pas été très actif aujourd'hui à l'hôtel !
Mais en vrai heureusement qu'on avait un peu bu parce qu'il a plu toute la journée :) 

C'est un peu hors propos, c'était sur la côte avant Kaş, mais ici nos photos sont un peu blanche pour l'aquarelle ;)

 

 

Cette semaine en 10 idées pour ceux qui ont la flemme : 

Montée continue, méduses de glace, lac gelé, neige de face, humidité 100%, shawarma, nouilles instantanées, hospitalité réchauffantes, cheap hostel, bière euphorisante.