Van life !

Premier billet de la deuxième partie du voyage. Pour l'instant on a pas beaucoup pédalé à deux, on a retrouvé Arnaud à Van, et on a pas fait de bivouac, on réalise pas bien encore. Mais une chose est sûre, Cam a fait le bon choix, parce qu'entre le bus repoussé au milieu de la nuit, le réveil brutal à 2h du matin et les -12°C, ça fait un paquet trucs qui ne l'auraient pas ravi. Pas qu'on raffole hein mais disons qu'on la bien cherché ! Ensuite on va devoir devenir pilote sur glace si l'on veut borner un peu !

Jeudi 16 février. Premier réveil sans camille depuis 5 mois, ce matin nous sommes les seuls clients de l'auberge, Yusuf nous a donc soigneusement préparé une omelette au sucuk (charcuterie local). Zélie passe une bonne partie de la matinée à attendre le bus qui doit ramener les clefs du cadenas qui attache encore nos vélos. Après 1h30 d'attente et s'être fait draguer lourdement par un Turc et un touriste Coréen elle revient victorieuse (avec les clés et 2 numéros) à la pansyon. On boucle ensuite nos sacoches avant de prendre la route vers Nevşehir où l'on prend un bus pour Van à 23h le soir même. Les premiers 15km que tous les deux sans que Camille nous attendent plus loin après la montée... Pour l'instant c'est étrange mais on va finir par s'habituer. Le froid est glacial et pénétrant on trouve vite un café pour s'abriter et manger un petit quelque chose.

P2163215.JPG, févr. 2023

"Ah oui au fait Adrien j'avais oublié de te dire mais le bus est décalé à 00h45"

La nuit s'annonce encore plus courte que prévue. Et quelques heures plus tard dans un second café, un autre SMS de la compagnie de bus annonce que le départ est retardé à 3h45.

P2163219.JPG, févr. 2023

On décolle de notre troisième café vers 22h30 pour faire les 5km qui sépare le centre de la gare routière. En arrivant sur place on nous confirme le retard de notre bus, on prend la nouvelle avec détachement. On installe nos matelas et duvet au fond d'un couloir pour une nuit express de 4h.

P2163220.JPG, févr. 2023

2h15 : BRFFFFFFFFFFFFSSS BROUAHHH RRRR CHHHHSSS GLOU GLOU un bruit assourdissant de chute d'eau nous réveille en sursaut. La tête dans le coltar on ne comprend pas très bien ce qu'il se passe, le gardien nous fait des grands signes à distance. Ça doit être quand même sérieux, on attrape nos matelas et sortons de ce couloir avec nos vélo. On comprend alors que la neige fondue sur le toit à imbibé le faux plafond qui c'est en partie effondré à l'entrée du dit couloir. Au final tout va bien et on se trouve un nouveau coin pour finir la nuit

3h15 : le réveil sonne, la gare est déserte, Adrien ère dans le baptiment à la recherche d'une information, mais rien. On range alors nos affaires à la hâte mais sans grand espoir qu'un bus arrive. On sort dehors sur le quai et on commence à démonter nos vélo, quand un bus se présente et se gare au milieu du parking. Les chauffeurs ne sont vraiment pas content de nous voir...

Bisiklet Problem

Ils nous font comprendre qu'il n'y a pas de place dans la soute, effectivement il en ouvre une qui est remplie au taquet. Ça s'annonce compliqué mais on ne lâche pas l'affaire pour autant. Un Turc qui parle anglais descend du bus pour nous venir en aide et traduire. On comprend qu'il est énervé de ne pas avoir été prévenu de la présence de nos vélos. On force pour qu'il ouvre une autre soute qui est un peu moins pleine, tout en démontant nos vélos pour monter qu'il ne sont pas si grand une fois déchargés. Après de nombreux palabres et la promesse d'un bakchich ils acceptent finalement et sortent une dizaine de grosses valises pour charger nos vélos. 15 minutes plus tard on est enfin dans le bus et on peut essayer de gagner encore quelques heures de sommeil.

Vendredi 17 février.  On se réveille avec le lever du soleil, le paysage est splendide, les montagnes enneigées à perte de vue. On regarde la carte, on est pas encore tout à fait dans la zonne mais on s'en rapproche. En effet notre trajet de bus jusqu'à Van (tout à fait à l'est de la Turquie) passe par Malatya, une des villes fortement touchée par le séisme. Petit à petit sur la route on repère les stigmates du tremblement, pour l'instant se ne sont surtout que le haut des minarets qui se sont effondrés. On se rendort tous les deux avant de se réveiller à Malatya. A la gare routière (dont le toit est partiellement effondré) nous voyons les premiers camions de l'armée qui distribuent de la soupe. Puis en traversant la ville nous voyons des immeubles qui sont comme compactés (les balcons se superposent sans aucun espace). D'autres sont fissurés de haut en bas, et les charpentes complètement ravagées. On a du mal à se rendre compte de la puissance d'un tel phénomène naturel mais il est facile de comprendre que cela va bouleverser la vie de milliers de gens pour les années à venir. 
La vue en arrivant sur le lac de Van est époustouflante, tout autour se dressent des sommets totalement enneigés de plus de 3000m. Le lac est immense, le temps d'arriver à Van la nuit est tombée (et ouais il est 19h) et il fait -7°C dehors, heureusement on a appelé une auberge juste à côté de l'autogare. Mais une fois arrivé sur place on nous fait comprendre que ça ne va pas être possible et qu'il y a eu un quiproquo. Aie, mais bon pas le choix on prend sur nous et on cherche autre chose. On se dirige vers la seconde auberge où l'on nous accueille, un kebab et au lit sans demander notre reste.

Samedi 18 février. Après un bon coma dans notre super chambre qui sentait la clope, on retrouve notre p'tit suisse préféré ! Il nous a dégoté une petite chambre dans un palace, 3 petits lits pour la même somme, pas d'hésitation possible.

P2183265.JPG, févr. 2023

Zélie qui a perdu un pari régale le maxi Kavalthı du jour avec de nouvelles spécialités locales.

IMG_20230218_211946_338.jpg, févr. 2023

Arnaud va récupérer de sa nuit dans le bus tandis qu'on part arpenter les rues enneigées de cette qui nous rappelle note Grenoble natal.

IMG-20230218-WA0001.jpeg, févr. 2023

On trouve un bikeshop recommandé par les cyclotouristes qui continuent leur route vers l'est. Les gaines des câbles du vélo d'Adrien ont explosées avec le gel, le mécano change tout ça en rien de temps et avec un tel professionnalisme qu'on se dit qu'on pourrait faire faire une petite révision au vélo de Zélie. On sait que la chaîne est rincée mais d'après notre super outil c'est trop tard il faudrait aussi changer la cassette, alors en âme et conscience et par principe Zélie avait décidé que tant que ça marche ben elle ne la changerait pas. Alors on vous laisse imaginer la tête du type lorsqu'il a vu l'état de la chaîne... mais elle a combien de kilomètres ? Heu un peu moins de 6000 ... J'ai jamais vu ça ! Mais après nous avoir assuré que la cassette n'avait pas de problème pour l'instant, Zélie accepte de faire changer sa chaîne. Il a lavé mon vélo qui était dans un sale état, tout est réglé au millimètre, mon dérailleur obéit aux doigts et à l'oeil maintenant.

P2183266.JPG, févr. 2023


On se renseigne à la réception de l'hôtel pour trouver un endroit sympa où manger, la femme est iranienne, elle parle également kurde et se débrouille tant bien que mal en anglais, des gens qui travaillent ici nous rejoignent pour eux aussi participer à la discussion, un mot d'anglais, un mot de turc, un mot de kurde, on rigole plus qu'on ne comprend. Mais l'on part à la recherche de Domas un petit döner super baş (super bon en kurde), avec notre plan sur un bout de papier. On se régale. Puis on traîne dans un bar à çay à se raconter nos vies et nos anecdotes les plus croustillantes, avant de retrouver nos super lits !

Dimanche 19 février. On commence la journée par un bon petit Kavalthı au dernier étage de l'hôtel, entièrement vitré, vue sur les montagnes, c'est pas dégueu ! Aujourd'hui on aimerait aller sur l'île d'Akdamar que tout le monde nous a conseillée. Le quai est à Geviş (40km de Van), on tente le stop, première fois qu'on galère un peu. C'est finalement un dolmuş qui nous prend sans nous faire payer et puis un kamyon où Zélie passera le trajet assise par terre. On arrive à l'embarcadère, un homme nous aborde, c'est le manageur, on doit attendre d'autres touristes, le bateau ne partira pas que pour trois. On se rend bien compte que dans cet endroit désert on risque d'être les seuls. On profite de ce moment pour embrasser du regard les environs, on est à 1700m d'altitude, au bord du plus grand lac de Turquie, les sommets alentours avoisinent les 4000, recouverts de neige qui se jette dans l'eau. Le ciel est voilé, mais devant nous le décor fait de noir et blanc n'a pas besoin de plus de lumière. Ceux sont ces paysages que l'on est venus chercher, et le froid ne réussi pas à nous faire regretter notre choix. Débarque alors de deux minibus une quinzaine de touristes iraniens, musique à fond, style assumé, look recherché, touche sophistiquée. Cheveux de toutes les couleurs, piercing, tatouages ... On monte à bord avec eux, elles surtout, difficile de leur donner un âge ( on apprendra par la suite que les plus jeunes ont 18 ans et que les plus âgées sont leurs mères). La soundbox emplie l'habitacle de musique dansante iranienne, l'ambiance est à son apogée, boat party sur le lac de Van. On échange quelques mots, certaines parlent un peu anglais. Toutes veulent une photo avec Zélie : sooo cuuuuute !!! Sur l'île on décide tous les trois de s'éloigner du tumulte, pour laisser un peu de place à la contemplation, on visite l'église Arménienne, les anciennes cellules du monastère, l'histoire d'amour de Mehmet et Tamara ...

P2193268.JPG, févr. 2023
P2193273.JPG, févr. 2023
P2193275.JPG, févr. 2023
P2193277.JPG, févr. 2023
P2193280.JPG, févr. 2023
P2193284.JPG, févr. 2023
P2193287.JPG, févr. 2023


Puis au retour rebelote, danse traditionnelle et selfie, échange de contacts pour le jour où l'on viendra chez elles !

P2193291.JPG, févr. 2023
P2193292.JPG, févr. 2023
_P2193290.JPG, févr. 2023

Rencontres improbables, pleine d'énergie, ça nous a reboostés. On rentre manger une pide en ville. Les garçons partent rejoindre Ibrahim (un turc avec qui Arnaud a pris le bus) et Şetim son pote, ils sont allés repérer sous la neige le château que nous visiterons demain pour avoir un plus de vue. Zélie est rentrée dessiner et reçoit un message pour aller prendre un petit café avec nos copines iraniennes. On se rend tous les trois rejoindre deux iraniennes de 18 et 19 ans, accompagnées d'un turque et de deux kurdes. On apprend que l'une est étudiante en psychologie à Tabriz et l'autres barmaid, elles sont en vacances avec leurs mères et leurs amies. En Iran le hijab est obligatoire pour toutes les femmes de plus de 9 ans, mais ici elles peuvent l'enlever et laisser apparaître leurs mèches roses. Beaucoup de gens sont morts ou en prison mais c'est pour la liberté, alors ça va ! En dehors de ces quelques phrases on aurait pu croire qu'elles avaient une vie similaire à la notre...
On rentre se coucher, finalement on ne quittera pas Van demain, on en a pas finit avec cette ville, on la quittera que mardi :)  

Haut de page