Bikeal Pékin

Cette semaine on a eu l'impression de vivre un voyage dans le voyage. C'était intense et plein de nouvelles choses, on est contents d'entrer dans notre 9ème pays, ça à l'air chouette ! La reprise du vélo au bord du lac, les lieux insolites, la beauté des paysages enneigés nous ont fait rêver encore une fois ! 

Lundi 20 février. Finalement on s'est accordé une journée de plus à Van. On aime bien cette ville, Arnaud prépare son départ pour l'Iran et on a pas envie de partir tout de suite. Il fait grand beau c'est l'occasion d'aller se balader sur les rempart du château, bien sûr on ne prend pas le chemin officiel, nos âmes de grimpeurs nous pousse à poser les mains pour rejoindre le chemin de Ronde, c'était vraiment sympa de prendre de la hauteur et dominer la ville et le lac.

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Mais on arrive dans un cul de sac on ne peut pas rejoindre le château par là. On désescalade pour contourner, après un peu de bartas dans la boue, on se faufile à travers les grilles et on accède en haut du château, juste sous le grand drapeau turc. Affamés on retourne en ville manger et vaquer à nos occupations. Le soir on s'accorde une dernière petite bière tous les trois avant que nos routes ne se séparent pour de bon, dans un bar aux vitres teintées parce que l'alcool c'est semi-autorisé.

Mardi 21 février. On quitte notre super otel mais surtout notre petit suisse préféré. Tout le personnel de l'otel se retrouve sur le perron pour nous dire au revoir. On laisse Arnaud finaliser ses préparatifs pour l'Iran et on part pour notre première journée de vélo dans ce froid. La route est déneigée, il fait beau, ça s'annonce bien.

Après un petit imprévu, une route couverte de neige qui n'aurait pas du l'être, une flemme maximum de faire demi-tour, on prend la route du bord du lac, mais quelle bonne idée. Malgré le vent glacial qui non empêche d'avancer, on s'offre un paysage unique, on est tous les deux subjugués, c'est sans doute la plus belle route que l'on ai prise depuis le début. A vous d'en juger.

Il est 16h30 quand on cherche de l'eau, notre objectif de ce soir c'est de tenter le bivouac dans la neige. Le village a l'air désert, et puis un homme nous fait des signes par une fenêtre, c'est une famille, les parents et deux enfants âgés de 16 et 18 ans (la jeune fille s'appelle Zeynep, moi c'est Zélie, no Zeynep, evet ve ben Zélie, deux Z ça faisait trop :)). Ils étaient en train de manger alors c'est tout naturellement qu'ils nous invitent à leur table, ou plutôt à leur tapis, pour des Köfte de bulgur. On repart le ventre plein avec l'impression d'avoir manger le repas du soir à l'heure du goûter, mais c'est ça de gagné à pas faire dans le froid.

C'est le coucher de soleil les couleurs sont magnifiques, il y a un vent glacial, alors on cherche à se mettre à l'abris. On degotte un bout de mur orienté dans le bon sens, de l'herbe à son pied, parfait pour notre tente. C'est dans un petit hameau de quelques maisons, mais vu la température pas d'inquiétudes, il n'y a pas personne de toute façon. On monte la tente et on se fait une petite tisane avec la grande ambition de se mettre au chaud au plus vite dans la tente.

Oui mais voilà c'était sans compter sur le relou du village, qui à la tombée de la nuit a débarqué, 《 problème, problème》. Sauf que le relou il a un fusil de chasse en bandoulière, il menace d'appeler la police. Il y a une jeune fille de 18 ans, qui sort de la maison d'à côté accompagnée de sa mère qui n'approuve pas non plus notre présence, la jeune femme est très embêtée, son père n'est pas là,sa mère est inquiète : les vieux ne comprennent rien. Elles nous traduit les conversations avec son téléphone, ils sont bornés, l'été dernier il y a eu une mauvaise expérience avec des touristes dans le village... ok ben on va s'en allait hein, on peut pas rester là. Il fait froid et déjà nuit, ça va être rude mais on a pas le choix, go ! On veut pas de problème nous. Lorsqu'une fourgonnette de la JANDARMA passe sur le route, le vieux relou la siffle, ils s'arrêtent. 4 hommes en treillis kakis descendent du véhicule, contrôlent notre identité. Okay la pression monte d'un cran, on leur dit qu'on est en train de ranger qu'on s'en va. Ils proposent de nous emmener, notre méfiance très ancrée des uniformes nous fait refuser spontanément, on va se débrouiller, on s'en va. On range tout dans l'idée de reprendre la route et de trouver un nouvel endroit. Les militaires insistent, n'ayez pas peur de nous ... et puis finalement au moment de monter sur les vélos, c'est nous qui leur demandons, on peut tout mettre dans votre voiture ? C'est peut-être leur patience pendant que l'on rangeait tout, ou notre petit désespoir de repartir rouler dans le froid qui nous ont fait changer d'avis, ça se pourrait que ça nous arrive. Nous voilà partis, à 6 avec les deux vélos direction la gendarmerie où ils nous ont promis un endroit pour la nuit. Petit à petit nos doutes s'estompent, la petite musique orientale et leur tentative de conversation nous font baisser la garde. Et si le petit village de Göşeme nous en avait fait douter, ces quatre hommes nous redonnent fois en l'humanité. Ici les gendarmeries sont plutôt des terrains militaires, on passe les deux murs d'enceintes, sous les miradors. On laisse les vélos dehors l'un des hommes nous montre son téléphone "it's a very safe place", oui oui ils n'ont pas été aussi bien gardés depuis le début. Un autre enfourche le vélo de Zélie beaucoup trop petit pour lui, et fait quelques tours de pédale les genoux dans le menton, l'atmosphère est maintenant complètement détendu. Tous nous aident à monter nos sacoches, un dortoir est libéré pour nous. On nous offre un thé et des gâteaux, ils sont adorables. Je suis la seule femme dans cette enceinte militaire, mais ça n'a l'air de poser de soucis à personne, on avait prévu de dormir dehors de quoi en laisser plus d'un perplexe ! On en revient pas de l'endroit où l'on est, dans la pièce d'à côté c'est l'armurerie, les fusils d'assaut sont là quoi ! C'est complément fou cette histoire. Ahah si le relou savait que grâce à lui on dort au chaud 😂

Mercredi 22 février. Réveil à 8h00, pas évident de s'adapter au rythme militaire. Après avoir descendu notre bardas, nous sommes attendus dans le réfectoire pour un petit déjeuner. On se voit offrir simit, fromage frais, petits pains aux herbes et çay. Puis on reprends notre route (incroyable il n'est même pas 9h), on traverse les deux enceintes en béton et barbelés avant de revenir au monde civil.

Seulement quelques km après le départ Adrien est à plat... On regonfle en espérant tenir jusqu'à la prochaine station service, mais loupé il faut vraiment changer la chambre à air. Le spot n'est vraiment pas pire, il y a même le soleil.

La nationale longe le lac en une longue ligne droite ponctuée de bosse, le vent de face nous glace progressivement les pieds.

Heureusement on trouve refuge dans une station service, où après deux çay à côté du poil on a complètement rechargé notre capital froid. On rejoint finalement Erciş, "ça fait bien longtemps qu'on avais pas fais 60km avant 14h".

Zélie nous négocie une chambre d'hôtel avec petit déjeuner pour 500Tl, c'est parfait. 

Jeudi 23 février. 
Aujourd'hui on a en ligne de mire Patnos à une cinquantaine de km avant de prendre un bus pour Ağrı où nous avons un contact pour passer la nuit. Ce matin le temps est gris, tous les bâtiments qui nous entoure aussi d'ailleurs... Après une quinzaine de km on cherche un bar pour boire un thé, c'est alors qu'un vieux nous invite à le suivre. On échange un regard et décident de le suivre, après plusieurs minutes de marche on se demande dans quelle galère on s'est encore mis. Mais au final on se retrouve dans une maison qui grouille de vie. Les trois générations de la famille sous le même toit, personne ne parle anglais sauf la petite fille qui doit avoir 6 ans. Encore une fois nos référentiels ne sont pas les mêmes, la grand-mère est tellement déçue que Zélie n'aie toujours pas d'enfant. Au final même si on sent une bienveillance sincère les uns envers les autres, on est bien loin de l'égalité. A peine remonté en selle que l'on se voit obligé de décliner une nouvelle invitation, au risque de vexer notre hôte. La neige se met à tomber, et plusieurs voitures s'arrêtent pour vérifier que tout va bien pour nous, les gens sont vraiment trop mignons avec nous.
Plus tard le soleil se lève, et le paysage est vraiment beau avec des champs de neige à perte de vue. Et... Adrien, est de nouveau crevé... 

Je profite du blog pour déclarer publiquement que j'avais tort et que j'aurais dû changer de pneu la veille quand Zélie me l'avait suggéré.

Arrivé à Patnos on se dirige vers la gare routière après avoir avalé un döner. 2h plus tard on est dans le bus direction Ağrı après quelques galères d'embarquement, le chauffeur n'est pas rentré dans la gare routière mais s'est arrêté devant. On a donc courru avec nos vélos et saccoches sous le bras. Arrivé à destination, Fulkhan nous attend avec un bon repas, Zélie lui avait dit que l'on mangeait de tout, alors ce soir c'est tête de mouton pour son plus grand bonheur.

Vendredi 24 février.
Aujourd'hui rien au programme à part attendre le bus à 3h du matin. Adrien en profitera pour changer de shifter,(pas si évident les montées sur le deuxième plateau). Le reste de la journée sera passée dans un café à dessiner et écrire.
Petit bière avec Fulky et son pote :)

merci pour l'accueil facile et bienvenu !

Samedi 25 février. La journée commence tôt, c'est plutôt la nuit même. Il est 2h30 lorsque l'on monte dans le bus direction Ardahan. Le démontage des vélos se fait encore à la hâte, on nous prévient que lorsque le bus est déjà là... pourquoi ? Ça fait 40 minutes que l'on attend dans le hall de la compagnie. Ils nous referont le coup vers 5h du matin, il faut changer de bus, on est encore une fois prévenus au dernier moment. C'est pas grave on s'adapte, on commence à sérieusement apprécier l'idée de changer de pays :)
On va attendre notre minibus pour Posof deux bonnes heures à Ardahan, le temps d'écouter un bon podcast du coeur sur la table (je fais pas de la pub hein ^^), et d'avoir des sujets de discussions pour la fin de l'attente. Arrivés à Posof on se trouve une petite pansyon, un lieu de la commune on dirait à moins que ça ne soit un peu plus religieux ? On s'en sort pour 220 TL à deux soit 11€, il a tout de même fallu qu'on dise que l'on dise était mariés pour ne payer qu'une seule chambre ! 

Dimanche 26 février. En route direction la frontière. C'est cool il fait beau et chaud, ne vous inquiétez pas c'est pas aujourd'hui qu'on a perdu nos doigts ! Ça y est on a retrouvé nos sapins on se sent comme à la maison, incroyable cette frontière bioclimatique ! Délimitant les plaines anatoliennes et les montagnes comme on les connait.

Vérification de nos passeports sous toutes leurs coutures, vous venez d'où ? Vous allez où ? Vous faites quoi ? Apparemment ça a convaincu le policier à la chapka car il a finit par nous laisser nous faufiler entre les groooos camions ! Yen avait qui transportait deux cylindres d'acier d'au moins 6m de diamètre et 8m de haut, un se demande encore ce que ça pouvait être...
Découverte de paysage Georgien, la première ville nous laisse perplexe ( nous = Zelie apparemment Adrien était conquis par les nuances de gris, les immeubles demi en ruine et les gens qui vivent dans des caves, allez savoir ...). Bref on continue le long des tuyaux de gaz jaune qui bordent la route, trouver un endroit plus accueillant.

On arrive à ახალციხე, où l'on trouve une petite chambre d'hôte pour 40 Gel la nuit soit un peu moins de 15€ pour deux c'est très tamam.

Voilà nouveau pays, nouvelle langue, nouvel alphabet, nouvelle monnaie, on va s'y faire :) encore des tamam réflexes mais on va les dompter !
Ici au resto on vous offre une homemade vodka, passer une frontière ça a du bon !