Bikeal Pékin

C'était que du vélo cette semaine, et on a bien sué, c'est fini le plat. La région des petits lacs, les montagnes de Bohème, les Monts Métallifères, la suisse Saxone, il y en a eu pour tous les goûts, et pour toute les saisons ! On connaissait l'été à rallonge que l'on appelle indien mais pas l'hiver qui ne se termine jamais que l'on a nommé bohémien. La Tchéquie c'est fini et on entre donc dans le 17 pays : l'Allemagne !

Lundi 15 mai. C’est le départ de Vienne, mais nous attendons que le ciel se découvre vraiment pour décoller. Nous sommes (enfin surtout Arthur!) toujours un peu traumatisés de l’arrivée dans la capitale Autrichienne sous la pluie… Le départ est donc tardif, car c’est vers 11h30 que le groupe réduit, Zélie et Arthur, mettons notre premier coup de pédales de la journée sous un soleil timide. L’objectif de la journée est d’aller plein ouest en suivant le Danube pour quitter facilement l’agglomération viennoise avant de laisser pour de bon le grand fleuve européen pour tracer plein nord, direction Prague puis Berlin. 
C’est bien cela que nous réussirons à faire, un peu moins vite que prévu à cause d’un fort vent de face qui nous ralentira toute la journée (le fameux « mistral du Danube ! »), et c’est donc bien fatigués et la tête prise par tout ce vent que nous nous échouons dans le parc pour enfant à la sortie de Ziersdorf, un petit village typiquement germanique d’Autriche (entendre ici que les haies sont bien taillées et les maisons toute propre!).

C’est donc dans ce parc que nous passerons la nuit, il y a la bas une sorte de petite cabane, parfaite pour s’abriter contre une éventuelle pluie et un probable vent! Quelques discussions avec les parents des enfants qui jouent au trampoline et la cuisine de bonnes pâtes à l’ail des ours rythmerons cette soirée qui fini par être un peu ensoleillée une fois que le vent fut tombé.

Ceci dit nous ne sommes pas passés loin de ne pas les manger nos pâtes à l’ail des ours ! En effet, nous avons trouvé l’odorante herbe tôt dans la matinée, et en allant faire les courses vers midi, nous prenons tout ce qu’il faut pour faire des bonnes pâtes et un bon repas: parmesan, quelques biscuits pour le dessert, du chocolat, presque tout donc sauf l’essentiel, les pâtes ! Heureusement il en restait un paquet de secours au fond d’une sacoche de Zélie. C’est donc en toute simplicité que nous quitterons le Danube, sans même trop se retourner, lui qui aura marqué un tournant pour le voyage de Zélie et Adrien avec leur séparation, un début de goût du retour et l’aventure des quelques dizaines de jours pour les deux pièces rapportées Arthur et Valentine!

Mardi 16 mai. 
Nous émergeons de notre petite cabane assez tôt, une longue journée nous attend. Le créneau de bonne météo est censé durer uniquement jusqu’à 11h du matin, après c’est la pluie assurée et nous voulons avaler les kilomètres pour nous voir avancer sur la carte après ces quelques jours de repos à Vienne. Le début de journée est donc efficace, nous roulons de bon train et quittons l’Autriche avant midi.

Seizième pays pour Zerbi avec l’entrée en République Tchèque!

Nous nous arrêtons vers 13h dans le premier village tchèque dans lequel nous avions repéré une épicerie pour faire le repas de midi, pas de chance elle est fermée (on comprendra plus tard qu’en Tchequie les magasins sont souvent fermés à des horaires pas pratiques pour nous …). Il n’y a pas mort d’homme, nous avancions avec quelques restes qui feront office de pic-nic. Zélie à la bonne idée de trouver un banc à l’abris du porche de l’entrée de la mairie, et on peut dire qu’elle a eu le nez creux: la pluie annoncée finira par arriver, accompagnée  d’une brutale chute des températures. Nous entrions bien dans le massif de la forêt de bohème, et l’accueil fut frai. C’est donc sous une pluie battante que nous faisons les 35 kilomètres qui nous sépare du village suivant o6u un abris était visible sur la carte. La fin de journée est rude, nous sommes mouillés jusqu’à la moelle

et c’est à la sortie de notre village-étape du jour que nous trouvons le salut: les gradins du stade de foot de Slovanice !

Eau courante potable et grand espace couvert nous ferons oublier quelques heures toute les gouttes qui tombent du ciel autour de nous. Le courant d’air s’étant relevé, certaines affaires, celles qui n’étaient pas trop imbibées d’eau, commencent même à sécher alors que nous, paradoxalement, nous refroidissons. Le thé chaud et le repas nous ravigote après cette longue journée, de presque 90 kilomètres et 1000m de dénivelé positif!

Mercredi 17 mai.
Le but de ce mercredi est encore une fois d’avaler les kilomètres pour quitter à la fois le mauvais temps et les monts de Bohême, certes très beaux mais physiquement éprouvants!

La journée est donc marquée par une alternance de montée puis de descente, difficile de dire laquelle des deux options s’offre le plus à nous…

Nous traversons de nombreux petits et jolis villages, qui s’organisent souvent autour de lacs aux eaux brunes.

La pluie s’est calmée mais il fait toujours assez froid, et c’est pendant cette journée que nous vient le fameux concept de “l’hiver de Bohême”, c’était le printemps, un printemps où il ne faisait pas beau, une saison qui n’existe que dans les montagnes d’Europe centrale, là bas on l’appelle l’hiver de Bohême (merci Joe pour l’inspiration!).

Nous discutons un peu pour oublier ce froid qui nous mord, mangeons rapidement sous un très grand arbre centenaire qui sublime la place d’un petit village tchèque. L’après-midi aussi passe vite, et nous trouvons l’abris idéal en début de soirée après une journée pareille: une sorte de kiosque/salle des fêtes, entièrement fermées soit par les cloisons en bois soit par les bâches en plastique zipée (elles nous offriront d’ailleurs un accès!).

Il y a même l’électricité et c’est à côté de la caserne des pompiers, donc c’est sans doute communal, donc à personne et à tout le monde à la fois, parfait pour nous ! Encore une belle journée sur les vélos et sous les nuages, plus ou moins du même acabit que celle de la veille et tout aussi longue que celle du lendemain! La nuit sera forcément reposante dans cet abris et on discute des heures avant de s’endormir.

Jeudi 18 mai.On se réveille dans notre super abris on a même pu faire recharger les batteries si c'est pas le luxe ça ! On attaque la journée avec une belle montée mais entre le retour d'un semblant de beau temps et l'arrivée à Prague la motivation est au rendez-vous.

On traverse le parc naturel du Blaník, la forêt est splendide et la descente nous rassasi. On trouve un market à Benesòv pour le midi, c'est pas bucolique est on a plutôt l'impression de manger en bas des tours.

On fait notre arrivée à Prague en fin d'après-midi, après une série de passage plus ou moins bien négocié entre les autoroutes, les voies ferrées et les rues pavées. On arrive là où l'on a réservé qu'une seule nuit en dortoir, l'envie d'avancer et les prix nous avaient refroidis à l'idée de rester plus. C'est un immense bâtiment, des voyageurs dans tous les sens, une réception où l'on fait la queue, ça me rappelle un centre UCPA, la chambre est propre et la douche est chaude, on n'en demande pas plus.

On fête notre arrivée avec une bière locale dans un restaurant traditionnel, c'est délicieux et vraiment pas hors de prix !

On va faire une bonne nuit pour récupérer de tout ces kilomètres et ce dénivelé !

Vendredi 19 mai. Une fois n'est pas coutume en Tchéquie mais ce matin le soleil est au rendez-vous. Aujourd'hui c'est une demi pause, on a prévu de ne faire que 30km, histoire de nous avancer tout de même un peu du Warmshower qui nous attend le lendemain mais de prendre notre temps à Prague. L'objectif numéro 1 est de trouver un solution pour mon pédalier qui est a pris du jeu les derniers jours, et oui il a de la bouteille maintenant, même si dans ma tête il est toujours neuf mon vélo. Après 2/3 appels de bikeshop surbooké qui n'ont pas l'air d'avoir envi de perdre 5 minutes pour m'aider on décide de se pointer dans l'un de ceux sur notre route. "Il n'a pas le temps de s'en occuper c'est la cata faudrait changer le boitier là !" Mais il nous indique un autre magasin deux rues plus loin qui aura peut-être le temps, et c'est là que l'on va déranger le mécano de love velo, clé à la main, chiffon gras dans la poche. A peine ai je passé la tête dans l'embrasure de son atelier, qu'il était déjà dehors en train de regarder mon pédalier, il a sorti de sa poche la bonne clé a resserré le tout, nous a souhaité bon voyage et est retourné à son vélo ! Ça bouge plus mais ça craque bien, on verra ! (Après 150km ça fait même plus de bruit), c'était mon sauveur ! L'esprit plus léger on se dirige vers le musée de Národní,

on se balade dans les rues. C'est l'heure d'un bon brunch, c'est la pause on se fait plaisir :)

on part ensuite à la découverte de l'horloge astronomique, du pont de Charles et des bords de la Vltava !

C'est déjà l'heure de repartir mais ça donne envie de revenir, quoi qu'un peu envahi par les touristes à notre goût ! On déroule nos 30km pour arriver dans le petit village de Kly avec dans l'idée initiale d'invoquer l'hospitalité tchèque. On réussira seulement à faire le plein d'eau ils ont pas l'air très motivés, un pompier finit tout de même par nous dire d'aller sur le terrain d'entraînement des jeunes sapeurs pompiers, il y a un abris, des toilettes et un spectacle pour la soirée. En effet regarder les enfants de 8 ans installer les tuyaux, utiliser la pompe, faire des nœuds en un temps record, c'est plutôt rigolo ! On se cuisine un petit curry de légumes et au lit !

Samedi 20 mai. 

La journée commence par une petite séance nostalgie du Danube le long d'un canal qui nous permettra de faire une vingtaine de kilomètres en un temps record.

On fait les courses avant d'attaquer le col de la journée dans les Monts Métallifères, c'est beau et ça fait plaisir de prendre de la hauteur, mais les 12% continus nous font suer quelques gouttes, le pic-nic en haut était le bienvenu ! Maintenant c'est descente et plat jusqu'à Dećin à la frontière avec l'Allemagne où l'on est attendu chez Mikou. Je passe acheter quelques bières et de quoi faire un gâteau parce qu'aujourd'hui c'est l'anniversaire d'Arthur ! En arrivant à l'adresse que m'avait donné notre hôte on tombe sur deux autres cyclo qui vont au même endroit apparemment, ça annonce une belle soirée ! On prend nos douches chacun notre tour pendant que les autres font plus amples présentations. Mikou et ses amis ont la trentaine, ils viennent de cette région,  changement de job, fin d'études pour d'autres, avec le covid c'était la période de transition idéale pour concretiser le projet d acheter cette maison ensemble. Ils sont 9, ils vivent ensemble, en ont fait un lieu alternatif, ils accueillent des voyageurs, ça fait rêver !
On fait également la connaissance d'Eva et Paul deux français de notre âge qui sont sur la route depuis 4mois et demi, après un tour en Espagne ils remontent sur Paris (en passant par un peu tous les pays). On partage un grand barbecue végétarien tous les 5 (les colocataires de Mikou ne sont pas la ce soir).

Arthur souffle même son briquet d'anniversaire, et à le droit à la chanson en Tchèque dont je serais incapable de vous en faire part. Mikou qui rentrait d'une soirée à Prague la veille file se coucher. On se retrouve donc tous les 4 pour un petit jeu, on se prend une dérouillée à la bellotte (faut dire que les annonces c'est un peu triché ^^). 

Dimanche 21 mai. 
Réveil un peu tardif dans la villa, entre la veillée de la veille et le confort des lits, personne ne se presse à émerger. On partage un grand petit-déjeuner tous ensemble, Bart l'un de ve6ux chez qui l'on est se joint à nous. Après un check de la carte on a 20km en commun avec Paul et Eva le long de l'Elbe avant qu'eux bifurquent vers la plaine et nous vers les montagnes. Il se trouve que Bart doit aller dans le même bled que nous donc il vient avec nous, on part tous les 5, sacrée bande ! Ça y est je suis rentrée dans le 17ème pays de ce voyage ! On se dit tous au revoir avec l'idée de se retrouver sur Grenoble ou ailleurs très prochainement !
Et on attaque l'ascension du jour dans la suisse saxone, c'est raide comme on aime, il fait lourd mais c'est vraiment beau. C'est comme des petites météores de roche noire, des grandes falaises et des cheminées. On se disait bien aussi que ça faisait longtemps qu'on avait pas pris la pluie, un bel orage de chaleur nous crache dessus, heureusement on va plus vite que lui et on finit par le semer. On se réfugie dans un abris bus, qui est plutôt de très bonne qualité, un refuge. On attend d'être sûr que c'est bon et repart faire quelques kilomètres pour nous trouver un petit bivouac dans les bois et vous écrire ceci !

bisous ♡