Bikeal Pékin

Cette semaine on a rejoint Budapest, la ville de la dernière séparation des membres du trio de départ. Effectivement Adrien a pris sa route vers le nord en solitaire tandis ce que les autres entament une virée vers l'ouest (légère pour l'instant). Vous l'aurez donc compris c'était encore une semaine riche en vélo, en visites et en émotions !

Mardi 2 mai. On se met en route avec juste ce qu'il faut pour ne pas avoir faim, mais les séquelles de la désillusion de la veille auront eu raisons de nos estomacs et l'on s'est offert une pause petit dej dans le premier bled sur notre route ! On a ensuite continué notre piste cyclable pour rejoindre Dunapataj, où l'on a pique-niqué alors que personne n'avait faim : l'effet de groupe sans doute ? L'après-midi on sillonne entre les pleines agricoles et les grosses usines : ça buccole à max. Le ciel s'est couvert au fil de la journée et l'objectif de ce soir c'est de trouver un abris pour le bivouac c'est plus confort. Lorsque l'on arrive à Apostag notre idée première est de continuer, mais la menace du ciel se fait plus pressante. Adrien avait repéré rapido en passant un bout d'abris à côté d'un temple : allons y ! Il se trouve que ceux sont juste 3 murs avec un toit triangle à 20m de haut, pas vraiment ce qu'on cherchait. Mais juste à côté une table est abritée avec un vrai toit, ce serait parfait, autant on demande aux propriétaires de la maison. Il se trouve que c'est un temple protestant et on tombe donc sur Fransko le pasteur : " no problem it's free". On s'installe. Il revient une petite heure après alors qu'on allait boire le thé avec de la Palinka, du Unicum et des bières ! Bon ben apero avec le pasteur, il nous laisse même le plateau au cas où l'on est une petite soif durant la nuit. Il nous fait découvrir la musique Hongroise, nous raconte son périple en France, on apprend qu'il est divorcé (on bus un instant mais chez les protestants les pasteurs peuvent se marier). Après des fajitas bien garnis on file se coucher !

Mercredi 3 mai. Fransko nous apporte le café chaud et ca nous tire du lit. Après les au revoir et les remerciements adéquats on se remet en selle.

La piste cyclable sur la digue n'est malheureusement pas goudronnée et la piste s'est fait envahir d'herbe, c'est pas très roulant même si c'est plutôt joli.

Apres un bout de grande route qui nous rappelle pourquoi on aime les chemins de traverses. On fait un petit bout de pic-nic dans un parc miteux avec quelques gouttes de pluie (vendeur non ?).

L'après-midi heureusement ça se remet à buccoler, la route zigzague entre le Danube et de jolis petits cottages qui ont chacun leur accès à l'eau avec un petit ponton. On se plaît à imaginer dans lequel on se verrait vivre. On est plus qu'à 40km de Budapest, le dernier îlot de verdure est devant nous, mais entre la ligne haute tension et le champ OGM c'est pas fameux, Arthur n'est pas conquis. Il part alors nous dégoter un coin de paradis, le ponton dont il rêvait et la place de parking ( endroit sans arbre et au sol dégagé) pour mettre les tentes, c'était bien mieux qu'espéré !

notre muguet du 2 mai 

Jeudi 4 mai. Le jeudi 4 mai 2023.

Nous nous réveillons d’assez bonne heure pour cette dernière journée avant la capitale Hongroise, sans doute parce que nous étions tous pressés d’arriver à Budapest pour profiter des bienfaits de la civilisation après cette session de pédale assez longue pour les deux débutants que nous sommes avec Valentine. Après avoir suivi l’EuroVelo 6 qui serpente entre les berges du Danube et l’Île de Sziget, l’urbanisation de Budapest se fait sentir petit à petit. On commence à circuler entre de très charmantes petites cabanes et maisons secondaires où il à l’air de faire vraiment bon vivre, tellement qu’on en choisi régulièrement une dans laquelle on se verrai bien passer quelques vacances! Puis commence à apparaître les entrepôts et grosses fabriques de bord de ville, on croise une autoroute, puis des voies rapides. Sans nul doute on se rapproche du but ! Après avoir slalomé entre tous ces passages peu adaptés aux cyclistes, la destination est finalement en vue et on roule maintenant entre les grands bâtiments aux couleurs pastels du centre-ville de Budapest. La ville est très touristique, tout est beau (sauf le grand portique publicitaire flanqué du slogan “no woke zone”, on est bien en Hongrie et l’extrême droite conservatrice gangrène même les plus beaux endroits).

On trouve notre logement en début d’après-midi, l’endroit est parfait pour stocker les vélos dans le hall et la grande chambre qui nous attend nous autorise à étaler notre barda dans toute la pièce sans l’encombrer.

Après une douche et une session machine à laver bien méritée, on décide d’un commun accord d’aller finir la journée aux fameux termes de Budapest. Et quelle bonne idée ! Globalement on force pas trop et on infuse de bain en bain, alternant nos siestes dans l’eau par un passage au sauna. On profite au maximun de ce lieu qui semble magique puisque nous en sortons uniquement au coup de sifflet final des surveillants de baignade ! 

Le soir, Adri, pour fêter la semaine, nous invite dans un restaurant de spécialité Hongroise.

L’endroit ne payait pas de mine mais nous avons tous mangé bien plus qu’à notre faim! Avec Adrien, nous nous sommes partagés un ÉNORME morceau de porc grillé servit avec un plateau, tout aussi imposant, de patates et pickles de légumes. J’avais rarement autant mangé dans un restaurant et c’était délicieux, mais malheureusement pas la place pour un dessert…

 

On finit cette première journée de repos en goûtant un peu à la vie nocturne Budapestoise: ici aussi les bières, spritz et autres mojitos sont très bon !

Une longue et relaxante nuit nous attend, rythmée par les grincements de notre literie douteuse et les cris de la viande soule qui va plus que goûter aux légendaires fêtes de l’Est !

Vendredi 5 mai. Ce matin on prépare un mega brunch, pancake, pâte à tartiner, baguettes (oui oui on a trouvé une boulangerie française), œufs brouillés, croissants (la même boulangerie).

Arthur part voir un réparateur de vélo avec sa roue arrière qui est légèrement voilée, Adrien va se faire une beautée chez le barbier et les filles se promènent dans les rues du quartier ! On se retrouve tous pour aller visiter le musée de la terreur qui relate les histoires de déportations,  de torture, et d'exécutions de différentes minorités en fonction du parti à la tête du pays. D'abord les "red cross arrow" parti proche du nazisme, puis les communistes qui ont "libéré" le pays. On découvre alors un bâtiment (qui a été le QG d'un parti puis de l'autre) dans lesquels ont jugeait torturait enfermait et exécutait. On sort de la un peu abasourdis par tant d'efforts mis au service de la cruauté. On mange à peine et on se dirige vers des magasins Outdor dans l'espoir de trouver la bonne pièce détaché pour le réchaud, mais sans succès on répartira avec du gaz. Zélie et Adrien prennent le temps de faire le point sur cette expérience commune autour d'un verre.

Puis on se rejoint tous pour manger un fast food et jouer à la coinch à la terrasse d'un bar extérieur.

Après que les gars se soient pris une bonne raclée, tout le monde part se coucher.

ADRIEN : Samedi 6 mai. Ce matin j'ai la boule au ventre, c'est le jour J, après presque 8 mois de voyage commun on va se séparer. On finit de se séparer les derniers trucs, (le sel, la cannelle, les carottes, fin bref l'essentiel), et on prend tous ensemble la route pour le parlement que l'on a pas pris le temps de visiter jusque là. Le bâtiment est grandiose, comme beaucoup d'autres dans la ville,

mais j'avoue que j'ai du mal à profiter de l'instant. Voilà après avoir fait le tour c'est le moment de se dire au revoir, on échange des derniers encouragements pour la suite. Je n'arrive pas à retenir mes émotions, et c'est les larmes aux yeux que je traverse Budapest vers le nord. Sur le passage je fais des petites courses et échoue à trouver de l'essence C (pas grave ça fonctionne aussi bien au sans plomb). Je ne suis pas tellement serein sur le moment alors je fait se que je sais faire de mieux, je pédale. Ça marche plutôt bien et j'arrive à me sentir un peu mieux avant de faire ma pause pic nic. Le repas est vite avalé faute de discutions et je reprends la route (je me sens mieux sur le vélo).

Le paysage change et deviens vraiment bucolique le long de cette petite rivière, je repère un lac au bord duquel je vais pour planter ma tente. Le spot est parfait l'herbe est grasse plusieurs pontons s'avancent dans l'eau et je dispose d'une table couverte.

À mon étonnement je n'ai pas le temps de m'ennuyer le soir et je vais me coucher bien plus serein que le matin.

Dimanche 7 mai. Premier réveil tout seul, enfin pas si seul puisque une demi douzaine de pêcheurs ont débarqués à 5h du matin pour venir pêcher. Je me suis vite rendormi et j'ai attendu les premiers vrais rayons du soleil. En appuyant mon vélo sur sa béquille en bois comme d'habitude, celle-ci s'est enfoncée dans la terre meuble et après 6 mois de bons et loyaux services a fini par craquer sous le poids de mon vélo.

J'en refais une sur le champ, c'est quand même bien pratique une béquille.

Aujourd'hui je passe la frontière avec la Slovaquie, la route que j'emprunte n'est pas passagère du tout et j'ai pu voir de nombreux animaux : une biche, un renard, un aigle et un pic.

Le dénivelé est efficace, ça faisait très longtemps si bien que j'ai l'impression de ne pas me voir avancer. Heureusement que la descente est là pour me remonter le moral. J'arrive en fin d'après-midi à Zloven (grosse agglomération) où je décide de faire 200m de d+ sur une piste pour rejoindre un point de vue et pouvoir y installer la tente. C'était extenuant mais ça valait le coup la vue est magnifique et j'ai le soleil jusqu'à la fin.

Ce soir je suis bien dans mes basquettes et j'imagine la suite avec enthousiasme.

ARTHUR, VALENTINE et ZÉLIE : Samedi 6 mai. 232 jours et c'est le dernier de cette aventure commune, je crois que je ne réalise absolument pas ce qu'aujourd'hui signifie. On part tous les 4 vers le parlement Hongrois qui en vaut le détour mais qui n'aura pas eu l'attention qu'il méritait. Les larmes me montent aux yeux en regardant mon compagnon de voyage de ces 8 derniers mois s'éloigner... Voilà on prend notre route nous aussi, on suit la piste cyclable qui nous emmènera quelques fois sur la 2 fois 3 voies pour baptiser Arthur et Valentine. On pic-nic à Vać et puis direction la collinette, deux options sont possibles la grosse route ou une piste pour rejoindre le village de Nograd où l'on pourra emprunter une petite route qui traverse la montagne et passe le col ( programme de demain). On choisi la piste, ça longe la voie ferrée, c'est noté sur la carte comme chemin de VTT, mon appli refuse de nous faire passer par là ( même après sélection de l'option tout terrain), mais bon on le sent bien. Après le repas on se prend un bel orage, mais trop tard on a dépassé la bifurcation et hors de question de faire demi-tour, ça va le faire ! Le début paraît de bonne augure, large piste, pas de cailloux, de la terre tassée cool. L'abris repéré n'est pas loin, on fera le reste demain à tête reposée. C'était sans compter sur le hongrois qui avait construit sa tiny house juste à côté et stocké tout son matériel de chantier dans le dit abri. Le temps redevenu au beau fixe et les rayons de soleil filtrants à travers les bois nous poussent à continuer.

Mais la piste se transforme en fait en un single, et après la pluie la terre est devenue bien meuble !

Arthur avec son gravel bike fuse mais la boue se colle entre le cadre et la roue de Valentine (qui a plus un vélo de route qu'un vélo pour faire ce genre de pitrerie) et bloque les roues tant est si bien qu'elle ne peut plus pousser son vélo. On s'arrête donc pour gratter la boue avec des petits bouts de bâtons c'est cocasse.

Les ornières sont énormes et la pluie du début d'après-midi les a remplies, Zélie bloque dans une petit flaque et envoie un pied au sol, mais le sol n'avait pas de fond, s'enfonçant alors de tout son long avec son vélo, bonne rigolade.

On arrive enfin à bout de cette boue et on entre dans Nograd par une sorte de casse, où l'on passe sur une balance à camion. C'est l'heure de vérité, Zelie et son vélo sont plus lourds qu'Arthur et le sien. A force d'accumulation Zélie charrie son poids : 60kg ! On remercie encore une fois le seigneur pour son eau bénie, on fait le plein d'eau et on rejoint une petite chapelle au milieu des tulipes.

Après un moment de doute on réussi à allumer le réchaud avec la bouteille de gaz et on peut engloutir notre plâtrée de pâtes bien mérité. On est pas si loin d'Adrien pour l'instant, premier bivouac sans lui, ça fait un peu bizarre, mais les blagues des deux zozos détendent l'atmosphère !

Dimanche 7 mai,
On se réveil à l'entrée de notre petite chapelle. Nous prenons notre petit déjeuner au soleil, entourés de tulipes.

 

Ça annonce une bonne journée ! Nous partons en direction du village le plus proche, Nograd, en espérant y trouver un commerce ouvert le dimanche. Banco ! On jette le pic nic et le repas du soir dans le Zulupack et nous partons à l'assaut d'un petit col. La route passe dans une magnifique forêt, la montée à l'ombre est agréable.

Le descente est évidemment encore plus agréable. Nous filons jusqu'à Kemence où nous prenons notre pic nic au bord de la rivière. S'en suit une route Mario bross, ça monte un peu, ça descend beaucoup, bref ça file. En début d'après midi nous passons la frontière Slovaque sans encombre.

Nous décidons de trouver un coin de bivouac pas trop tard pour compenser l'arrivée tardive d'hier. Pour ce soir ce sera une petite clairière dans de grandes herbes entre une rivière et sa digue. Atelier lecture, écriture du blog et surtout bronzette au soleil pour essayer de ratraper la marque du cuissard.