Bikeal Pékin

Un début de semaine sous un ciel mitigé : le Péloponnèse a tenté de nous voler la belle météo, on lui a coupé l'index. Toujours plus de montés, de paysages bluffants, de ploifs dans l'eau turquoise... Bref, la vie est belle ici bas, on vous laisse lire ou écouter ça !

 

Lundi: 

Il pleut lorsque l'on se réveille, et ce n'est pas prévu que ça s'arrête, alors on plie directement bagage, et on fait une pause petit déjeuner dans une taverne minuscule, mais assez sympa, surtout quand elle nous permet d'être au sec.

Une belle descente dans une ambiance brouillard nous amène à la mer, d'où commence une belle portion , une route taillée sur la côte. Charmante mais qui ne nous épargne pas de dénivelé.

Nous arrivons à Kiparissi, village perdu, connu pour l'escalade également, surplombé par des falaises calcaires. Ça en jete. Un ultime lacet nous dévoile le port sur lequel nous voyons un bateau que nous connaissons : nous passons donc dire bonjour à Florian, l'allemand qui nous avait prêté tout son matériel d'escalade pendant une semaine à Leonidio. Son bateau n'a pas de moteur à combustion, mais un moteur électrique, qui se recharge lorsque le bateau avance. Ça semble être une bonne alternative comme principe. (Il doit par contre l'alimenter de temps en tant avec son groupe électrogène, lorsqu'il reste amarré plus de quelques jours.)

Pour la pause du lunch, la pluie nous a fait un peu trop avancer (c'est à dire bien monter) pour trouver un abri, alors on est déjà dans la partie résidentielle du village, et comme c'est férié, les tavernes de cette partie sont fermées. N'ayant pas de féculent pour ce soir, on reçoit des pâtes d'une américaine, ayant toqué à porte.

Ce soir c'est "bivouac" 3 étoiles : une petite chapelle perchée, nous accueillera. Elle est nichée dans la roche d'une gorge, dans laquelle chante des oiseaux à tue-tête, on se croirait en Amazonie, on vous laisse voir les photos. La chapelle est minuscule et décorée d'icônes, de lustres, et de tableau en argent sous verre.

Le saint lieu se voit rapidement se faire décorer de serviettes bleues, oranges, de sacs, de pull, que l'on pend à tout ce que l'on trouve pour les faire sécher.

 

Cam a finir par accepter de faire une session de mot fléchés, pas faciles et pas toujours logiques, mais ça fait marcher quelque peut soit-il, les neurones.

Au menu: on a tenté de cuisiner les Hortas, plantes présentes dans la gastronomie grecque, qu'ils cuisinent majoritairement semblerait-il au citron. N'ayant pas reçu l'info assez tôt, c'est le cumin qui les accompagnera, mais c'est d'un amer peu commun, et on n'en reste que très peu convaincus.. prochaine fois ce sera au citron !

Mardi: 

On est content de se réveiller au sec car il bruine légèrement, et pour le petit déjeuner, on a droit aux chants d'oiseaux et à un rayon de soleil. Des grimpeurs sont déjà en bas des voies. 

La partie de route qu'on fera le matin sera sensationnelle. Entre falaise et mer. Le ciel est gris, mais au moins, on ne crève pas de chaud et la semaine à Leonidio nous a deja permis une cure de soleil indéniable.

La pluie finit cependant par nous rattraper, et comme il faut, il pleuvra toute l'après midi. En arrivant à un village où se trouver le seul market aux 20 km à la ronde, nous passons devant un arrêt de bus dans lequel est assis un couple de soixantenaires, trouvant abris le temps du pic nique. Ils font le tour du Péloponèse, et nous apprennent, que ce n'est pas leur premier voyage à vélo. Et en effet, ils ont réalisé un voyage autour du monde de...10 ans ! Ils ont fait absolument tous les continents. Ils tiennent maintenant une maison d'hôtes en Autriche. Ils nous donnent leur petite carte, ils sont Warmshower, nous y sommes les bienvenus, chouette rencontre. Ils nous quittent après s'être mis à l'évidence que, non la pluie n'allait pas cesser. De notre côté, et à mon grand bonheur car le froid commençait à se sentir (et que mon accoutrement de pluie laisse à désirer), nous repartons, pour nous arrêter quelques centaines de mètres plus loin, à la première chapelle que l'on croise, oura elle est ouverte ! Une sieste de presque 2h (encore ?!), un tour au market, et l'histoire est pliée, on est heureux d'avoir un toit ce soir, la chapelle est mignonne et il y fait bon. Car c'est vrai que là, pour la Grèce, il ne fait pas bien chaud ! (Nous sommes aussi aux alentours des 500m d'altitude).

Mercredi:

La nuit a été mouvementée car en aerant la chapelle, on a eu droit à une intrusion de quelques moustiques, dont le nombre a suffit à ne pas nous laisser tranquille. Mais contents d'être au sec. 

On prend cette semaine plein ouest, coupe un doigt au Péloponnèse (neos culpa), on ne verra pas le fameux Monemvasia, mais on prévoit de passer un peu plus de temps dans le coin de Kalamata. Et comme vous le voyez, nous ne sommes pas des acharnés des kilomètres depuis que j'ai rejoint Camille, on projete de continuer à faire des petites journées.

Après avoir croqué un col, on redescend en direction de Molai, la descente est tres jolie, des arbres en fleurs couleurs automne se marient à la couleur de la roche orange que l'on retrouve. La magie du velo et des cols, c'est de se retrouver dans plusieurs ambiances différentes en une seule journée. Des plateaux sous les nuages type garigue qui embaume, à une plaine d'olivier sous le soleil, à la remontée proche d'une montagne attirant les nuages, pour finir au bord de la mer, une dizaine de km plus loin, à Elia, avec un grand soleil. Dans ce village, les nèfles sont encore plus grosses que d'habitude (cf la photo) et gorgées d'eau, hop dans les poches.

On posera la tente tout au bord de l'eau, des douches juste à côté, il y faut bon. On peut rester dehors jusque tard, jouer de la guitare le soleil couchant, et discuter avec des locaux.

Les picniques nous regalent grâce à la recette de Cam on ne peut plus simple : Thym en masse qui borde les routes, fêta, et huille d'olive.

Jeudi.

Le réveil est un peu précipité par un bruit devant la tente... J'ouvre le zip, et tombe nez à nez avec le chien qui nous tournait entre les pattes la veille, couché et rond devant l'entrée. Tout heureux de me voir réveillé, il se remet debout et tente une intrusion à grands coups de langue que je repousse tant bien que mal avant de réussir à refermer la fermeture !

Le soleil est là et on prend le p'tit dej au bord de l'eau, quand je vois une queue poilue dépasser de derrière la tente : je me précipite mais trop tard, le chien a réitéré sa tentative et dans sa frénésie il a balafré la tente sur un bon 60 cm... Pénible constat, mais pas.la peine de se lamenter, un bon coup de scotch là dessus et ça repart, on s'y mettra à midi.

On rejoint Skala, au nord du golf, dans la matinée. On y prend le temps de pic-niquer pendant que nos batteries chargent dans un café où on mangera une grosse glace pour le dessert, puis sieste et atelier réparation de tente avec le duct-tape (si vous ne connaissez, pas sachez que ce voyage aura prouvé que le duct-tape est le meilleur ami du baroudeur) déniché dans une station-service. 

Après avoir rejoint le tout-bord de l'eau sur une petite route qui serpente de crique en crique, on décide de poser le camp sur un spot 3 étoiles, derrière une petite chapelle et les ruines d'une tour de guet certainement. Ce soir on tente les cheesenan, la lecture du blog des 4 Z(ou)AAV(s) nous a mis l'eau à la bouche ! Bon c'est vraiment pas évident sans poêle, et le fond de la gamelle est couvert d'une couche de cramé qui frise l'indécence à l'issu de la phase "cuisson"... Mais le résultat est satisfaisant, et on se régale quand même !

Vendredi.

Il devait pleuvoir dès ce matin, on avait tout préparé et mis à l'abri mais finalement non ! Il fait même grand beau et le soleil nous octroiera même le droit de déjeuner en t-shirt sur le toit de la tour, avec une vue imprenable sur Gythio, où l'on passe tout à l'heure. 

Les petits 15km qui nous en séparent passent tout seuls, et on tombe en arrivant sur le marché, Λαϊκή αγορά (Laïki Agora, littéralement "marché du peuple"). On y prends de quoi se cuisiner une petite omelette aux coeurs d'artichauts et un gros tsaziki pour ce soir, avant de faire un casse de burek dans la boulangerie du port et de manger notre butin sur un banc devant les bateaux. 

Cet après midi on attaque la descente de la côte est du Μάνι (Mani), le doigt du milieu de la main-peloponèse, celui dont tant de voyageurs à vélo et autres nous ont vanté les paysages sauvages et l'ambiance à part. On a hâte de voir ça de prêt ! Seulement le temps se couvre et la pluie annoncée pour ce matin va finir par nous rattraper... On décide de pousser (gentiment) jusqu'à Skoutira, pour y trouver une p'tite chapelle cosy où passer la soirée au sec. Bien nous en a prit : à peine à l'abris du porche de l'heureuse élue, les premières averses s'invitent "hop là pardon, désolée pour le retard, je ne fais que tout tremper sur mon humble passage !". La douche n'en sera que plus rapide, pas la peine de couper l'eau pour se savonner ! 

On trouve une pile de tapis à étaler sur le carrelage de la chapelle pour plus de confort, c'est vraiment pas mal ici !

Samedi. 

Grasse matinée bien au frais et à l'ombre entre nos 4 murs. Le temps est beau, on se met en route sous le soleil, plein sud !

Pour pique niquer, on vise une petite plage à l'écart de la route. Il est encore assez tôt alors on commence par se tremper un coup : avec 10m de fond sous nos pieds on peut compter les cailloux blancs qui gisent au sol, la lumière semble venir du fond de l'eau, c'est assez dingue...

Alors qu'on est activement occupés à se laisser sécher par le soleil, arrivent deux autres cyclistes. Sarah et Laurent viennent aussi de Grenoble, et en creusant un peu autour d'un morceau de pain et de fromage on se rends compte dans l'ordre que :

- on a un ami en commun

- Sarah travaille comme chercheuse au laboratoire de GI, mon école d'ingénieurs de Grenoble

- ils ont participé à un évènement à vélo que l'on a organisé au printemps dernier avec notre association Labelbalade (comment ça ça vous dit rien ?? Mais allez donc chercher ça sur Facebook !), on s'était donc déjà croisé !

Le monde n'est vraiment pas si grand...

On rejoint Kokkala dans l'après-midi, où on décide de poser la tente sur le ponton d'une plage à carte-postale, voyez plutôt les photos ! Petit plouf, bricolage (un par-vent pour réchaud léger est en cours de prototypage) et coup de fil nous conduisent jusqu'à l'heure de faire cuire notre omelette aux oignons (on aime bien ça les omelettes). Et, après avoir admiré quelques instants un lever de lune rouge pas piqué des hannetons, au lit ! 

Dimanche. 

Le cadre du réveil à de quoi mettre de bonne humeur !

Encore un p'tit plouf et nous voilà partis, direction le sud sud sud de ce doigt central. Seulement 20km nous en séparent alors on part le cœur léger et décide même de faire un petit détour pour rester quelques km de plus au bord de l'eau. Ah la boulette... je sais pas si on vous a dit mais sur le Péloponnèse (et en particulier le Mani) rien n'est horizontal en dehors de la mer. Tout n'est que montée ou bien descente, plus ou moins raide, mais le plat est une notion très abstraite ici. La route qui remonte pour rattraper l'itinéraire initial est d'une raideur encore jamais rencontré durant ce voyage (et pourtant on en avait bavé en Croassie, au Monténégro en Albanie, en Turquie...) et on sue absolument toute l'eau de notre corps dans cette lutte contre la gravité. Ça nous apprendra à prendre la confiance ! 

Le jeux en valait la chandelle (Larmina) et les petits villages aperçus ou traversé nous récompensent comme il se doit. Un serveur nous refait le niveau des gourdes avec des glaçons pour le refroidissement des moteurs et on enchaine ! Le Magne est connu pour son architecture particulière : les maisons ici sont toutes rectangulaires ou carrées, et hautes comme des donjons, toutes en pierres avec peu d'ouvertures. On nous a donné plusieurs explications à cela : certains affirme que c'est à cause de l'occupation des ottomans qui laisse une influence sur la forme des bâtiments, d'autres que la piraterie très active dans les criques du coin au XV siècle aurait conduit les gens à fortifier leurs logements et enfin wikipédia annonce que c'est pour se protéger les uns des autres durant une forte période de "vendetta" que les différents clans/familles de la péninsule aurait érigé ces tours. Certainement un peu des trois finalement. 

La route se met à descendre bien sec, droit sur la baie de Porto Kagio, dont on a une vue imprenable depuis nos lacets à 15%. Les freins chauffent, mais c'est trop beau pour laisser filer, on s'en met plein les yeux !

On pose pied à terre sur la plage de ce petit village, bande de cailloux qui constitue l'unique rue du tas de maisons. Pique nique à l'ombre d'un parasol, les pieds dans l'eau. Puis la sieste traîne en longueur et on décide de remonter s'installer pour la soirée à côté de la chapelle qui domine la baie.

La vue de là-haut sera plus grandiose encore, et puis le vent d'ouest qui rend la mène la vie dure aux voiliers qui tentent de rentrer s'abriter dans notre baie finira bien oar se calmer non ? (Note : cette baie a l'air d'être un sacré point de passage pour les navigateurs, chaque soir une quinzaine de voiliers y font escale pour la nuit. Ce soir c'est au moteur et face au vent qu'ils entrent, après avoir lutté sur plusieurs traversées au près sans réussir à grapiller plus que quelques mètres sur le vent à chaque fois.) On s'abrite en attendant l'accalmie derrière un mausolée pour cuisiner, manger et tenter une nouvelle grille de mots fléchés (y sont nuls c'est décevant...). Mais le vent ne tombe pas, et on finit par se résoudre à aller dormir dans la chapelle une fois de plus... Après avoir passé une bonne demi-heure à apprendre les paroles des Fabulous Troubadours, on a hâte de faire les beaux rêves promis !

La bise !