Bikeal Pékin

Mal aux fesses, et pas moins la bougeotte : changement de méthode ! On part à la découverte du dernier des doigts du Péloponnèse en auto-stop, petits sacs à dos en lieu et place de nos quelques 200 litres de bazard (on est pas aussi solides que Gabi et son nouveau copain, il a fallut faire de sacrés coupes franches dans le matériel), et la fraîcheur du sentiment d'un nouveau départ comme vent porteur !

Lundi:

Nouvelle semaine qui commence, et pas comme les autres, car pas de vélo pour les jours qui viennent ! On est dans l'espoir (qui diminue chaque jour) d'être contacté pour faire de la voile, grâce aux mots que l'on a déposés au port. On décide de faire de cette dernière semaine, une semaine découverte -stop des environs de Kalamata. Le matin c'était virée à l'hôpital, pour enfin savoir si Cam avait développé un staphilo ou non, et pour le prendre en main. Préparés à y passer la journée, nous ressortons, après seulement 1h, une consultation avec une super dermatologue pédagogue, des ordonnances, et ça, sans avoir ni même sorti de carte d'identité,de carte européenne, ni même de carte bancaire. Welcome in Europe Union.

On peut donc commencer notre petit road trip en stop, c'est parti ! Direction le site antique peu touristique, qui nous avait été conseillé. Un premier grec, une professeur d'anglais, et enfin deux italiennes nous prennent. Nous n'arriverons pas au Ancient Messinis ce soir, car notre route s'est arrêtée chez les italiennes, Chiara et Alessia, chez qui nous passons une très chouette soirée. 

Leur lieu de vie est insolite: huit chiens, sept chats, six perroquets, deux cochons, deux moutons,chevaux, une vraie base cour. Et tenez vous bien, tous sont venus en ferry et/ ou van d'Italie jusqu'ici. L'arche de Noé italienne ! Elles avaient décidé de quitter l'Italie, la Grèce leur semblait être une bonne destination, elles ont fait une semaine de recherche de terrain et repérage de cette région du Péloponnèse, et c'est un an plus tard qu'elles s'installeront là. 

 On se serait cru dans un film en arrivant chez elles. Dans la maison, meubles d'Italie, vielle machine à sous américaine, Juxeboxer, toutes sont des pièces familiales qu'elles n'ont pas voulu laisser prendre la poussière en Italie.

Chiara n'a pas attendu longtemps avant d'appeler un ami du village Kostas, qui parle très bien français et italien et nous dînons enselble le soir. Repas vegan, pleins de légumes, délicieux. Ça parle fort, les discussions sont animées, Kostas nous raconte de nombreuses anecdotes, littéraires entre autres, citant Baudelaire, Verlaine, et ayant des références que nous n'avons pas toujours, oupsi. Nous nous amusons à voir les similitudes de nos langues, et par rapport au grec, cela nous paraît tellement facile de se comprendre entre italiens et français ! Kostas nous montre les quelques similitudes qu'il y a tout de même avec le grec: hypo pour cheval, Pedi pour enfant, geri pour personne âgée, il faut les chercher mais on en a quand même quelques unes avec le grec, il ne faut pas désespérer !

Ce soir nous avons le luxe de dormir dans leur camping ca, et c'est un peu dans la peau de retraité allemands que nous nous endormons, dans notre grand lit surélevé, Gute Nacht !

Mardi: 

Après le petit déjeuné servit sur le plateau que nous avait préparé Alessia, nous nous Préparons à repartir. A côté de la maison, des hommes sont en train de finir de monter une énorme volière pour un des perroquets. On est assez interloqués de voir tout ce qui est mis en place pour ces animaux auxquelles elles tiennent tant, sans qu'elles souhaitent à faire particulière un lieu à visiter. 

Nous faisons du stop jusqu'au Ancient Messinis, site antique encore peu connu et visité mais riche d'un cirque, de vestiges d'une agora, d'une arène et au loin d'une muraille. On peut marcher librement sur tous ces vestiges, tels des explorateurs. Dans d'autres pays, tout cela serait déjà entouré de barrières.

Les fouilles archéologiques sont encore en cours dans certaines parties. Dans une dizaines d'années, le lieu sera encore différent !

Nous serons pris en stop par deux restaurateurs de mosaïques du site, puis des touristes anglais (après une certaine attente, en Grèce pour le stop, il ne faut pas être pressé), et arrivons à Pylos. Très joli village. Après une grosse glace (vous connaissez le monsieur), nous allons faire un tour au port pour tenter notre chance. Nous faisons connaissance avec des allemands, des hollandais prenant leur bières ensemble sur le port, ils nous envoient ensuite vers des français aussi sympas. Tous voulaient nous aider à trouver un bateau, mais c'est bredouille que nous repartirons. Cependant nous avons passé un chouette dîner avec un couple russe, Nous les avions croisé, et après le grand sourire qu'ils nous on fait, Camille a fait demi tour pour les aborder. Lana et Sergueï nous invitent à diner sur leur bateau..en cale sèche, avec vue sur un beau coucher de soleil. Nous aurions pu partir avec eux en bateau, mais il ne nous reste malheureusement pas assez de jours.

Le repérage de drapeaux devient notre sport olympique. Cam réussit à reconnaître le Japon sur un gros trimaran. Intrigués, ce sera notre motif d'initiation à la conversation avec eux, avant d'aller trouver un spot de bivouac.

On apprend que le drapeau blanc et rouge que l'on voyait régulièrement, est celui de la Pologne, et qu'il est utilisé fréquemment comme drapeau pour ne pas avoir d'ennuis (les Russes entre autrel l'utilisent)

Ce soir, bivouac dans une niche de la forteresse, spot conseillé par Sergueï, où on glisse la tente, super vue !

Mercredi.

Depuis notre perchoir, en ouvrant la tente, on voit le soleil taper sur l'esplanade à nos pieds. Promesse d'un petit déjeuner confortable, on ne se fait pas prier pour combiner bain de soleil et notre litre de tahin quotidien. La vue sur l'embouchure de cette baie hors catégorie nous occupe les yeux, le calme les oreilles.

Puis petite visite du château local, on enclenché un élan culture et Histoire depuis hier, autant en profiter (d'autant que le passe droit "étudiant européen"="gratis" semble valable partout). Jolie visite, et présentation d'une quantité abondant de restes de tout genres retrouvés aux fonds des eaux. 

Et on se remet au bord de la route, direction Methoni, à 10 km au sud. Iorgos semble avoir le temps, et non content de faire le détour pour nous poser au centre ville qui n'était pas franchement sur sa route, il nous explique : "here is what you will do : you go in that street, you find a cafe, and you will seet. But not for café ! You ask for "Ouzo me mezze", repeat after me "Ouzo me mezze", and enjoy !" Les consignes sont claires, on s'empresse d'obéir et de boire notre premier ouzo (il était temps), pas bien loin du pastis, en croquant une variété de petits mezze.

Un peu ramollis par l'expérience proposée par le local, on se dirige vers la plage pour avaler notre pique nique. Alors qu'on termine juste, une masse monstrueuse de nuages noirs s'avance d'un seul front, poussée du nord par le vent qui soufflait de plus en plus fort. Oho... Il est encore temps de filer s'abriter sans prendre la sauce, on file ! Deux tickets gratos pour le château d'ici (on ne s'arrête plus j'vous dis) et on cours se chercher une salle à l'abris. Dans notre fuite, on enjambe même une barrière faite de bric et de broc, puis trouve notre bonheur : une petite pièce avec de belles fenêtres à l'abris du vent de tempête, un toît pour la pluie et une vue de première classe sur la tour qui termine le château. Pas mal ! Ajoutez que cette salle n'est pas tout à fait sur le plan de visite (une petite barrière de rien du tout on vous dit) et notre solitude laisse presque imaginer que l'on est chez nous. On s'installe, petits dessins de cette tour décidément pas mal, puis petite sieste et bouquins, jusqu'à la fin du mauvais temps. 

Bien nous a pris de faire preuve de patience, le soleil est de retour avant 16h et on poursuit notre visite comme si cette tempête n'avait pas balayé notre ciel une grosse heure durant, quelques instants plus tôt... 

On part ensuite repérer où poser notre tente ce soir. Les contraintes ne sont pas les mêmes qu'à vélo puisque nous n'avons pas avec nous de quoi cuisiner (sac de 20L oblige).

On cherche donc tout proche du village pour pouvoir y manger ce soir avant de revenir installer notre camp une fois la nuit tombée. Sans grande surprise, le terrain entourant une petite chapelle à la sortie de l'agglomération remplira nos quelques critères. Petit gyros à la taverna bien traditionnelle, et au lit !

Jeudi.

Le soleil tape sur la tente et me tire du sommeil avant 8h. Je me réveille pour de bon en me rappelant la mission du matin : Hier soir un voilier d'une quinzaine de mètres est venu mouiller pour la nuit en face de la plage. En le voyant arriver, on s'est dit "c'est notre dernière chance, où qu'il aille sur le Péloponnèse." Seul problème : comment communiquer avec l'équipage depuis la terre ? Sans parler couramment le Morse, impossible... On a bien tourné et retourné le problème dans nos p'tites têtes, la seule solution semble être de plonger et avaler à la brasse les 70m qui nous séparent. Seulement quand l'idée nous est venue hier, il commençait à faire frisquet et aucun de nous n'avait vraiment envie de se mettre à l'eau, alors on a remis ça au lendemain, càd là-tout-de-suite...

Je termine de plier la tente et apporte toutes les affaires au bord de l'eau, au cas où, pendant qu'Ali part quérir en ville de quoi manger à midi (mieux vaut avoir notre pique nique, ça fait moins rat). Je scrute le pont du bateau depuis la plage : encore personne. Puis une silhouette ! Je siffle deux fois, fais de grands gestes de bras et, après avoir laissé tomber short et t-shirt, je plonge en slip et nage vigoureusement vers eux. Lorsque j'arrive, je salue depuis l'eau et on discute un peu : "where are you guys heading to??" (Question cruciale) "Oh! We come from Kyparisi (à l'ouest) and today we go to Creta!" "Creta ?? You mean directly to Creta??" "Yes !" Bon ... Ben là c'est cuit hein... Revenir de Crète en une journée de stop ça ne semble pas jouable pour demain, je termine mon brin de causette (toujours sympas ces navigateurs.trices) et comme je me les gèle dans cette eau fraîche du matin je file me sécher sur la plage. Encore loupé, cette fois on ne pourra pas dire qu'on n'a pas tout tenté, méthode de l'abordage façon pirate/torpille inclu...

On se cantonne donc au stop terrestre, et un couple de suédois nous embarque à la découverte de la prochaine plage : bien ventée, un spot à kite-surfs et planches à voiles. On se paie le luxe de quelques accros sur le sable mais pas de baignade avec ce vent à décorner les taureaux de camargue ! 

Puis on se charge à l'arrière d'un pic-up pour faire les 7km qui nous séparent encore de Finikunda, plage suivante et que l'on nous a conseillé.

En effet ça valait le détour (surtout que c'est sur la route en fait) et on se baigne volontiers dans ces eaux cristalline avec liner en sable blanc, la piscine de mes parents est rarement aussi propre (no offense) malgré le robot qui se balade au fond, c'est un coup à attraper des coups de soleil aux orteils sous l'eau ça... Aller on arrête de vous faire baver, promis c'est presque finit les plage paradisiaques :) 

Petit gyros au boui-boui du centre ville avant de monter camper un peu au dessus pour avoir une vue digne du standing de la journée, et bonne nuit !

Vendredi. 

Aujourd'hui on rentre à Kalamata. Mais sur la route on veut passer Koroni (le projet avorté de dimanche dernier...) et son château ! Chargés à l'arrière d'une voiture de location qui rentre au bercail pilotée par deux grecques qui nous font bonne conversation 30 minutes durant. On sort de la voiture en plein centre de la petite ville-destination, et avec une adresse de resto pour le soir à Kalamata en prime ! Ne reste château qu'une enceinte fortifiée abritant encore aujourd'hui un petit monastère fleuri que nous visitons. Les bougainvilliers sont au top de leurs formes et on a du mal à ne pas plisser les yeux devant la vivacité des couleurs. L'avantage des châteaux c'est que souvent on y déniché de chouettes points de vue sur les villes qu'ils protégeaient autrefois. Cette fois aussi, c'est joli comme tout !

Petit pique nique au bord de la mer, dans un angle desert du petit port. Ils avaient remplis la mer avec de l'eau en bouteille ces maboules de Koronien ! La petite barque devant nous semble voler au dessus du fond de sable, nin-nin-nin-nin, enfin vous voyez le tableau quoi.

Avant de retourner suer au bord de la route (tout à l'air simple mais on attend bien 30min à chaque tentative de stop ici...) on tente un petit plouf. Mais pas envie de moullier le caleçon, alors ... culs-nus ? Aller hop on fait ça vite ! C'était sans compter sur la grand-mère grecque qui sortait ses poubelles dans notre dos et qui nous sort de là à grand renfort de "EXO ! EXO !" (qui signifie "dehors" au cas où ça manque de clarté) alors que nous n'avions pas l'eau au nombril... Bon bon, dhaxi, on se rhabille ! 

Le retour à Kalamata prends une bonne heure, en la bonne compagnie d'un énième Iorgos (Georges, 2d prénom le plus donné en Grèce)qui nous posera au camping, notre petit parking à vélo ! Ce soir Taverna Argo pour manger une moussaka avant de mettre les voiles (si seulement), on prends le temps de faire un tour pour retirer nos petites annonces sur le port (encore un sacrée réussite dis-donc...) puis dernier bivouac sur la plage...

Demain on prends notre bus en milieu de journée, on croise les doigts pour que le forcing soit un succès et on prépare mentalement nos corps si libres depuis plusieurs mois à se retrouver tassé dans un car pour plus de 17h consécutives... Mais ça, on vous fera un petit post tout exprès pour s'épancher bien comme il faut sur les déboires ou la facilité de ce retour-express ! RDV en milieu de semaine prochaine pour le premier fin-mot de cette aventure de déjà plus de 8 mois :)

Bisous !