KAMALI - Origami humaine

Aller, on s'offre un dernier billet pour vous narrer le retour. Il nous est quand même arrivé deux ou trois bricoles (RIP, on n'oublie pas) qui valent le coup d'ecrire tout ça. Montez dans l'bus avec nous, on vous fait une petite place dans nos pieds si vous voulez 😘

Samedi. 

Réveil 8h, même si notre bus ne part qu'à 13h30 on préfère prendre large. On trie nos sacoches et fait cuire une gamelle de riz pour le pique-nique du soir, en prenant notre temps, et nous voilà partis pour le centre ville vers 11h30. Petit arrêt devant la porte de Hamid pour dire "au-revoir", puis direction le marché ouvert (eh oui ! C'est encore Samedi !) pour faire le plein de bonnes choses avant de partir. Puis direction la gare routière, on a 45 minutes d'avance, c'est paaaarfait !

Alors oui mais non. Non, parceque le bus n'est pas annoncé sur le grand panneau qui domine les quais. Non, parceque personne ici ne connait notre compagnies de bus (guichet, bistrot, passants) et parce qu'on nous assure que "ah non non, il n'y a pas de bus pour Sofia qui part dans 40 minutes non." C'est quoi ce bin's... On cherche un numéro sur internet, on appelle, pas de réponse. Alicia trouve notre bus proposé par un comparateur de trajets, où est mentionné une adresse de départ (absente des tickets et mails reçus après réservation...) quelque part dans Kalamata, à 15 minutes à vélo d'ici... On n'hésite pas bien longtemps, c'est maintenant ou jamais ! On se remet en route, traverse la ville à bonne allure, et arrivons avec encore 10 minutes d'avance devant le bus, ouf il est encore là !

"On regarde personne, on démonte les vélos rapido et on donne l'air aussi sûrs de nous qu'on peut, ok ?" Après le "Non, pas possible" voulu par la coutume, on finit par montrer ("I will show you, it works I promise") à notre chauffeur que nos vélos rentrent bel et bien dans sa soute vide. Une dame nous traduit : c'est 20 euros chacun. Tarif attendu, on ne négocie même pas, la compagnie demande officiellement 15 euro pour un vélo dans sa boîte et on ne parle même pas du surplus de bagages. C'est gagné, 1e bataille de forcing remportée ! 

L'après midi se passe tranquillement dans ce bus pas si plein, jusqu'à Athènes où on charge finalement une peuplade gréco-bulgare, de quoi rentabiliser le bilan carbone du car. Nuit agitée, c'est pas confortable décidément hein... 

Dimanche.

On est tirés de notre somnolence aux aurores par l'arrivée à Sofia : prévue à 7h, elle sera avancée à 5h45... Trop tôt pour trouver ouvert le café de centre-ville dans lequel on rêve de s'écrouler, alors on zone dans cette gare-routière qui, comme toute gare-routière qui se respecte, n'est pas bien bucolique.

Puis vers 7h30 on se lance dans un safari-café, avant de poser nos séants à l'étage d'un minuscule boui-boui, sur les canapés duquel Alicia grapillera quelques minutes de sommeil en rab (moi pas, à mon grand désespoir, il n'est pas 9h et j'ai l'impression qu'il est déjà minuit dix). On reprend malgré tout un peu de poil de la bête et décide de suivre un "free guide tour" (visite guidée d'une paire d'heures des rues/bâtiments/monuments avec une tonne d'anecdotes historiques et un guide tip-top) pour en savoir plus sur cette ville qui nous semble riche comme tout ! Coup de coeur pour l'aspect multiculturel de la cité et de son "tolerance square" (carré de 300m de côté dont les angles sont une église orthodoxe, une mosquée, une synagogue et une église catholique). Un fort héritage soviétique marque le pays, dont l'histoire très riche est peu connue par chez nous. 

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Puis opération sieste dans l'un des nombreux parcs de cette capitale que l'on trouve décidément bien verte pour une ville de cette taille. On retrouve ensuite Julien, un cousin d'Alicia avec sa femme Mina et leur fille Lauriane. Il vivent à une trentaine de kilomètres de la ville, dans les montagnes, et nous offrent le gîte et le couvert pour ce soir ! Une pause salvatrice dans notre fuite à l'ouest à dos de siège de bus inconfortable. 

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Lundi.

2e réveil agressif : 5h15. On veut redescendre à Sofia prendre notre bus À VÉLO ! Et il part à 9h, on doit faire des course pour manger, être en avance pour démonter notre barda, etc. 

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Après un petit déj' dans un parc (on aime tes parcs Sofia !), on arrive avec un peu de marge devant le bus. Cette fois, malgré le monde, on ne nous laisse pas entendre que ça risque de poser problème. C'est juste 50 euro pour le tout. Bon, ok, j'ai que 45, ça fait ? Aller c'est bon. On arrime nos destriers dans un compartiment encore vide de la soute très pleine, puis grimpe dans cet habitacle qui nous servira de logement pour les prochaines 26h... Ouch 26h... 

Le temps filoche, on s'occupe en bouquinant, siestant, sortant faire quelques étirements et accros quand la pause le permet, regardant le paysage est-europeen faire défiler sous nos yeux ses verts luxuriants de tous les tons. On reconnaît l'ambiance grasse et abondante aperçue dans les récits d'Adri, Zélie et les copains, contraste avec les terres arides du Péloponnèse que nous sillonnions encore 48h plus tôt.

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Une première journée passe, puis vient le soir. Un voyageur Bulgare et francophone avec qui on a un peu échangé nous offre deux grosses banitsa, sorte de bureks bulgars, que sa mère a fait pour lui "avec beaucoup de beurre". Un régal, même si il refuse poliment de goûter à notre salade de lentilles ("aaah non j'aime pas ça, je préfère côte de bœuf"). On ne se vexe pas et retourne s'endormir sur notre siège, pas grave quand-même. 

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Nuit mouvementée, comme d'habitude, mais la fatigue accumulée nous permet de redescendre notre niveau d'exigence quand au confort relatif aux multiples positions disponibles, bref, pas pire.

Mardi.

 Le jour se lève à 5h15, et... nous aussi du coup. Les 6 Bulgares devant, une famille on dirait, on décidé que c'est terminé la lutte pour le sommeil, il est l'heure de débattre ! Et avec entrain s'il vous plaît ! C'est amusant à observer de notre œil semi ouvert d'étranger, sans comprendre un traître mot. Je profite de ces dernières fois où l'imaginaire peut se laisser aller à donner le sens qu'il veut aux tirades et mimiques qui restent hors de notre portée. Bientôt un an que je suis parti en Allemagne pour y faire un stage de 3 mois, et depuis je n'ai passé que 2 semaines en France avant de partir à dos de Gabi. Ça va me manquer je pense. 

Passage de frontière franco-italienne vers 9h. Les douanes françaises sont les seules depuis notre retour dans l'espace Schengen à nous demander nos papier. Puis Chambéry, où l'on s'arrête pour poser deux passagers mais aussi une pause au motif flou qui nécessite l'évacuation du car. On repart 10 minutes plus tard avant de réaliser qu'on en a oublié 2 sur le quai... Les compagnies low-cost ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. Demi-tour, ça va qu'on n'est pas à une heure près sur ce genre de trajet sans fin. En discutant avec notre voisin de derrière, on apprend que lui reste dans le bus jusqu'à Madrid. Encore 24h de plus dans ce même habitacle ! Et nous qui pensions repousser les limites de l'endurance en origami humaine... On comprend mieux l'intérêt de sa petite glacière de compagnie !

Notre arrivée à Lyon sur les coups de 14h boucle la boucle : sur le quai attend Célestine (l'une des trois auto-stoppeuse avec qui on a partagé notre premier bivoua-chapelle dans les Météores), qui embarquera à notre place pour filer à Madrid justement. Ces rencontres improbables quand même... 

Un dernier train direct pour Avignon, encore 15 minutes de vélo et on sonne à la porte de la maison de mes parents et mes deux sœurs ! Je vous laisse le loisir d'imaginer les retrouvailles comme vous le souhaitez, elles ont été chaudes et heureuses. 

Et comme l'annonçait le second de ces quelques 40 billets : FINITO-PIPO ! 

IMG-20230524-WA0000.jpg, mai 2023

Gros bisous !

 

PS. Un immense merci à tous les commentateurs, assidus, occasionnels ou exceptionnels, et aux discrets lecteurs de co blog-exutoire. Vous n'imaginez pas le plaisir de se savoir lu.

 

PPS. J'ai retrouvé mon numéro de téléphone français 🙂

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